La «victoire» de l’Ukraine dans sa guerre avec la Russie dépend «essentiellement» du soutien américain, a déclaré hier le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, selon des propos recueillis par l’AFP.
Ces déclarations interviennent à l’approche de l’élection présidentielle de novembre prochain aux Etats-Unis, qui risque de changer la donne pour Kiev en cas de la victoire du républicain Donald Trump. Ce «plan de victoire (...) dépend essentiellement du soutien des Etats-Unis» et «des autres partenaires», a-t-il dit, précisant qu’il allait en discuter avec le président sortant Joe Biden.
Il doit être dévoilé avant le deuxième sommet pour la paix en Ukraine attendu pour la fin de l’année et vise à «sérieusement renforcer l’Ukraine» et à «contraindre la Russie à mettre fin à la guerre», a-t-il précisé. Le chef de l’Etat ukrainien a déjà mentionné la préparation de ce plan au cours d’une conférence de presse fin août, sans donner plus de détails. Il s’était alors borné à dire que l’incursion ukrainienne dans la région russe de Koursk entamée au début du même mois en faisait partie, avec l’espoir d’établir un rapport de force plus favorable à Kiev au moment d’éventuelles négociations de paix avec Moscou.
Les républicains sont profondément divisés sur l’Ukraine et un succès à l’élection de Donald Trump face à Kamala Harris, l’héritière politique de Joe Biden, pourrait radicalement modifier la politique étrangère de Washington. Des collaborateurs de D. Trump ont laissé entendre qu’en cas de victoire, ils utiliseraient l’aide pour forcer Kiev à faire des concessions territoriales à la Russie afin de mettre fin à la guerre.
La déclaration du président ukrainien intervient, alors que les chefs des diplomaties américaine et britannique sont le même jour à Kiev pour confirmer l’engagement de leurs pays pour la «victoire» de l’Ukraine, et notamment discuter d’un allégement des règles sur l’utilisation des armes occidentales contre la Russie.
A cette occasion, le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a assuré que cette visite en compagnie de son homologue britannique, David Lammy, traduit leur engagement «en faveur de la victoire de l’Ukraine», lors d’une discussion avec le chef de la diplomatie ukrainienne Andriï Sybiga. De son côté, le chef de la diplomatie britannique a promis le soutien de Londres jusqu’à la fin de cette guerre «d’agression et d’impérialisme russe».
Londres convoque l’ambassadeur iranien
Par ailleurs, le ministère britannique des Affaires étrangères a annoncé hier avoir convoqué le chargé d’affaires de l’ambassade iranienne à Londres pour protester contre la «livraison par l’Iran
de missiles balistiques à la Russie» destinés à être utilisés dans le conflit en Ukraine. «Le gouvernement britannique a clairement indiqué que tout transfert de missiles balistiques vers la Russie serait considéré comme une escalade dangereuse et entraînerait une réponse importante», a déclaré un porte-parole de la diplomatie britannique dans un communiqué. Le ministre des Affaires étrangères, David Lammy, actuellement en déplacement à Kiev avec son homologue américain, Antony Blinken, «a ordonné» la convocation d’Ali Matinfar, a-t-il encore indiqué.
Mardi, Antony Blinken a affirmé que l’Iran a ignoré plusieurs avertissements à ne pas fournir à Moscou de tels missiles. Cette convocation intervient au lendemain de l’annonce de nouvelles sanctions par le Royaume-Uni, les Etats-Unis, l’Allemagne et la France contre l’Iran, en représailles à ces livraisons de missiles.
Selon ces sanctions, la compagnie aérienne iranienne Iran Air, ciblée pour avoir effectué de telles livraisons, ne pourra plus opérer sur leur territoire. Le Royaume-Uni a effectivement annoncé la fin de «toutes les liaisons aériennes directes» avec ce pays, dans le cadre de ces sanctions. Iran Air assure des vols directs plusieurs fois par semaine entre l’aéroport londonien de Heathrow et Téhéran.
De son côté, l’Iran a menacé de prendre des «mesures» en réponse aux nouvelles sanctions annoncées par le Royaume-Uni, l’Allemagne et la France et démenti à nouveau les accusations sur des livraisons de missiles balistiques à la Russie utilisés pour frapper l’Ukraine. «Cette action des trois pays européens s’inscrit dans la continuité de la politique hostile de l’Occident et du terrorisme économique contre le peuple iranien», a affirmé mardi soir le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Nasser Kanani, dans un communiqué. «La République islamique d’Iran y répondra de manière appropriée et proportionnelle», a-t-il ajouté sans détailler ces «mesures». Mais il a une nouvelle fois démenti que son pays ait livré des armes à la Russie pour être utilisées dans la guerre en Ukraine.
«Comme cela a été souligné auparavant, toute affirmation selon laquelle la République islamique d’Iran aurait vendu des missiles balistiques à la Fédération de Russie est totalement infondée et fausse», a déclaré N. Kanani. Hier, le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a lui aussi démenti les accusations occidentales et dénoncé les sanctions. «L’Iran n’a pas livré de missiles balistiques à la Russie. Point final», a-t-il écrit sur X. «Une fois de plus, les Etats-Unis et le groupe E3 (Londres, Paris et Berlin) ont agi sur la base de renseignements faux et d’une logique erronée», a-t-il déclaré. «Les sanctions ne sont pas la solution, mais sont une partie du problème».