C’est un événement historique qui s’est déroulé le 5 janvier, au siège du ministère palestinien du Tourisme et des Antiquités à Bethléem, en Cisjordanie. Une délégation officielle américaine a remis une «cuillère cosmétique» à Rula Maayah, la ministre du Tourisme et des Antiquités de l’Autorité palestinienne. Cette antiquité est un outil sculpté dans l’ivoire datant de 800 à 700 avant J-C. Il servait à verser de l’encens sur les feux et les braseros lors des rites de vénération des dieux et des morts, d’après le New York Times. Cet artefact de valeur aurait été dérobé sur un site archéologique près de la ville de Hébron, dans le sud de la Cisjordanie. Rula Maayah a souligné son importance historique dans un communiqué du Bureau américain des affaires palestiniennes, et a précisé que cet objet «ne prend sa véritable valeur scientifique et archéologique que sur son lieu d’origine».
Selon le bureau du procureur du district de Manhattan, cette «cuillère cosmétique» est apparue pour la première fois sur le marché en 2003 lorsque l’homme d’affaires et philanthrope new-yorkais Michael H. Steinhardt l’a achetée à un antiquaire israélien du nom de Gil Chaya. Ce dernier a depuis été accusé d’avoir vendu des centaines d’antiquités pillées au Moyen-Orient, dont au moins 28 à Michael Steinhardt. En 2021, le milliardaire américain a accepté de restituer 180 œuvres d’art et antiquités volées dans le monde ces dernières décennies, d’une valeur de 70 millions de dollars (environ 65 millions d’euros). Il s’est également vu interdire à vie d’acquérir des antiquités sur le marché légal de l’art. A l’annonce de cet accord avec le milliardaire, certains Palestiniens se sont inquiétés que les artefacts de contrebande provenant de Cisjordanie ne soient remis au gouvernement israélien et non à celui de l’Autorité palestinienne. Et pour cause, les services du procureur de New York avaient initialement annoncé un transfert vers Israël d’une partie des objets issus de la collection Steinhardt. Certains d’entre eux avaient même été prêtés à plusieurs institutions culturelles du pays, dont le Musée d’Israël, bien avant l’accord de 2021. George Noll, chef du Bureau américain des affaires palestiniennes, s’est félicité de la restitution de la «cuillère cosmétique» à l’Autorité palestinienne. «C’est un moment historique entre les peuples américain et palestinien et une démonstration de notre foi dans le pouvoir des échanges culturels pour développer la compréhension mutuelle, le respect et le partenariat», a-t-il déclaré dans un communiqué.
Depuis 2020, la justice de l’Etat de New York mène une vaste campagne de restitution d’artefacts pillés dans le monde et qui ont atterri dans des musées et galeries de la ville américaine. Quelque 700 antiquités ont déjà été rendues à 14 pays, tels que l’Italie, la Grèce, le Cambodge, l’Inde, le Pakistan, l’Egypte et l’Irak.