Pour détecter les lancements de missiles nord-coréens : Washington, Séoul et Tokyo partageront leurs données d’alerte

13/11/2023 mis à jour: 14:00
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Le dirigeant nord-coréen, Kim Jong-un, donne des nuits blanches à Washington

Les ministres de la Défense des Etats-Unis, de la Corée du Sud et du Japon ont indiqué hier être convenus d’activer dès décembre une opération de partage de données en temps réel sur les lancements de missiles nord-coréens, rapporte l’AFP citant un communiqué. Le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, qui est à Séoul pour des négociations annuelles sur la sécurité, a rencontré son homologue sud-coréen, Shin Won-sik, tandis que le ministre japonais de la Défense, Minoru Kihara, a rejoint la réunion en ligne. 

«Les trois ministres ont constaté (...) que les préparatifs pour le fonctionnement du mécanisme de partage de données d’alerte antimissile en temps réel sont dans les dernières étapes et ont convenu d’activer officiellement le mécanisme en décembre», a déclaré le ministère sud-coréen de la Défense dans un communiqué. Les ministres sont également convenus de mettre en place un plan pluriannuel prévoyant des exercices trilatéraux réguliers d’ici fin 2023 pour une formation plus «systématique et efficace» à partir de janvier, ajoute le communiqué. Au cours de la réunion, «les trois dirigeants ont évalué les questions de sécurité régionale, notamment les menaces nucléaires et balistiques croissantes de la République populaire démocratique de Corée», a indiqué le ministère américain de la Défense dans son communiqué. Les ministres donnaient suite aux accords conclus par leurs dirigeants lors d’un sommet tripartite organisé par le président américain, Joe Biden, à Camp David en août.
 

Séoul et Washington ont intensifié leur coopération en matière de défense face à une série record d’essais d’armes par Pyongyang cette année. Le gouvernement conservateur sud-coréen du président Yoon Suk Yeol a également déployé des efforts pour améliorer les liens historiquement tendus avec le Japon, l’ancien dirigeant colonial du pays. La réunion de Camp David marquait la première fois que les trois dirigeants se rencontraient pour un sommet, plutôt qu’en marge d’un événement impliquant plusieurs autres participants. Les ministres de la Défense ont également condamné la coopération militaire croissante entre la Corée du Nord et la Russie, la qualifiant de violation des résolutions de l’ONU, selon le communiqué du ministère sud-coréen de la Défense. 
 

La Russie et la Corée du Nord sont toutes deux soumises à des sanctions internationales : Moscou pour son intervention en Ukraine et Pyongyang pour ses programmes d’armes nucléaires et de missiles. Le rapprochement de la Corée du Nord avec la Russie, avec le risque de voir Pyongyang aider Moscou dans sa guerre en Ukraine en échange de technologies spatiales, figure en tête des préoccupations de Séoul et Washington, proches alliés. 
 

Inquiétude

La menace nord-coréenne apparaît croissante depuis le voyage en septembre en Extrême-Orient russe du dirigeant nord-coréen, Kim Jong-un, qui y a rencontré le président russe, Vladimir Poutine. Cette rencontre a été suivie de plusieurs livraisons d’armement, selon Séoul, qui estime que la Corée du Nord a fourni un million d’obus à la Russie pour sa guerre en Ukraine, en échange de savoir-faire en matière de technologies spatiales. Moscou a jugé ces affirmations «sans preuves». Depuis un an, la Corée du Nord a procédé à un nombre record d’essais de missiles et d’autres armes, en dépit des sanctions internationales. Elle a également déclaré «irréversible» son statut de puissance nucléaire. En parallèle, Pyongyang cherche à mettre en orbite un satellite militaire espion, mais deux tentatives en ce sens ont échoué cette année. Séoul estime que la troisième tentative, actuellement en préparation, pourrait réussir grâce à l’aide de Moscou.
 

En octobre, un bombardier américain B-52 capable de transporter des bombes atomiques a effectué une rare mission en Corée du Sud, moins d’une semaine après la visite dans un port sud-coréen du porte-avions à propulsion nucléaire USS Ronald Reagan. 
 

En visite à Séoul jeudi, le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a dénoncé les liens militaires «croissants et dangereux» entre Pyongyang et Moscou. «Nous partageons de profondes inquiétudes concernant la coopération militaire croissante et dangereuse de la Corée du Nord avec la Russie», a déclaré le chef de la diplomatie américaine lors d’une conférence de presse avec son homologue sud-coréen, Park Jin, en clôture de sa visite. Il a également appelé la Chine à utiliser son influence pour prévenir tout «comportement dangereux» de Pyongyang, tels que ses essais de missiles interdits. 
 

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