Portugal : Les partis en ordre de bataille en vue d’élections anticipées

12/11/2023 mis à jour: 08:55
AFP
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Les principaux partis ont commencé vendredi à se mettre en ordre de bataille au Portugal, à quatre mois des élections législatives anticipées visant à surmonter la crise causée par la démission du Premier ministre socialiste, Antonio Costa, éclaboussé par un scandale de corruption. 

A la tête du Parti socialiste, la course à la succession de M. Costa est lancée. Le parti s’est réuni dès jeudi soir, juste après l’annonce par le chef de l’Etat, le conservateur Marcelo Rebelo de Sousa, de sa décision de dissoudre le Parlement et de convoquer des élections législatives anticipées le 10 mars prochain. Le parti a décidé de choisir un nouveau leader lors d’élections directes internes, prévues les 15 et 16 décembre, avant de tenir un congrès les 6 et 7 janvier. José Luis Carneiro, actuel ministre de l’Intérieur, est le premier à avoir annoncé sa candidature au poste de secrétaire général du PS. «J’ai communiqué ma disponibilité» afin de «me préparer à être candidat à devenir Premier ministre», a-t-il déclaré à la sortie de la réunion de son parti. Pedro Nuno Santos, chef de file de l’aile gauche du PS, qui figure depuis plusieurs mois parmi les prétendants à la succession d’Antonio Costa, présentera sa candidature demain. 

Ancien ministre des Infrastructures de M. Costa, M. Nuno Santos avait démissionné fin décembre après avoir été impliqué dans le scandale «TAPgate», portant sur l’indemnité de départ versée à une administratrice de la compagnie aérienne TAP, sous la tutelle de son ministère. 

De son côté, le principal parti de l’opposition de droite affirme travailler sur son programme électoral depuis plusieurs mois et prévoit qu’il sera prêt pour la campagne électorale qui se déroulera du 25 février au 8 mars. Interrogés par le quotidien Publico, des responsables des instituts de sondage ont estimé peu probable qu’un parti puisse obtenir une majorité absolue à l’issue de ce scrutin. 

Le dernier sondage, publié en octobre par l’institut Aximage pour la chaîne CNN Portugal, donnait aux partis de gauche 40,9% des intentions de vote et 44,3% pour toute la droite réunie.
 

«Gouvernement diminué» 

A l’issue des élections, «il risque d’y avoir un Parlement très fragmenté», avec «un gouvernement fragile, dépendant d’accords parlementaires», a indiqué à l’AFP le politologue Bruno Ferreira da Costa, de l’université Beira Interior (centre). Le Portugal a plongé dans une crise politique après la démission surprise mardi du Premier ministre, éclaboussé par un scandale de corruption qui a conduit à la mise en examen de son chef de cabinet, limogé depuis, et de son ministre des Infrastructures, Joao Galamba, qui a exclu vendredi de démissionner. 

L’enquête porte notamment sur des soupçons de «corruption» et de «trafic d’influence» dans l’attribution de concessions pour l’extraction de lithium et la production d’hydrogène vert, Antonio Costa étant soupçonné d’être intervenu «pour débloquer des procédures». Elle a été ouverte le 17 octobre dernier, a précisé vendredi soir le ministère public. 

Dans ce contexte, «avoir un Premier ministre en fonction jusqu’en avril, c’est assez singulier», a affirmé le politologue Bruno Ferreira da Costa, estimant que «le gouvernement risque d’être diminué». Pour surmonter cette crise politique, le chef d’Etat portugais a précisé que la dissolution du Parlement n’aurait lieu qu’après l’adoption du budget de l’Etat pour l’année prochaine, dont le vote final est prévu le 29 novembre, afin d’assurer la stabilité économique du pays. «Nous allons suivre le calendrier prévu», a dit vendredi le président du Parlement, Augusto Santos Silva, précisant que la dissolution du Parlement est prévue «autour du 15 janvier». 
 

Au pouvoir depuis 2015, Antonio Costa, qui nie toute illégalité dans cette affaire, avait profité d’une conjoncture favorable pour détricoter les mesures d’austérité mises en œuvre par la droite en échange d’un plan de sauvetage international accordé en 2011, tout en continuant à assainir les comptes publics. Après sa victoire le 30 janvier 2022, qui lui a donné une majorité absolue censée garantir la stabilité de son gouvernement, M. Costa a vu sa popularité s’éroder en raison de scandales à répétition. 

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