Ils étaient plus de 20.000 à participer à cette "marche pour l'école publique" à l'appel du Syndicat des professionnels de l'éducation (STOP), selon une source policière citée par l'agence de presse Lusa, mais "plus de 100.000" selon les organisateurs.
"On est à bout!", lance Ana Maria Cabrita, 55 ans, professeur de mathématiques en Algarve (sud), qui regrette "une dégradation de l'éducation" après 32 ans de carrière. "Respect", "dignité", "unis pour l'école": pouvait-on lire sur les pancartes des manifestants qui ont descendu la principale artère de la capitale portugaise aux cris de "Respect!" ou encore "Basta!".
"On a fait 400 kilomètres pour être là" et demander "que l'on rende la dignité aux enseignants", explique à l'AFP Eugenio Martins, professeur de sport au collège dans une école de Ponte da Barca (nord).
"Je gagne 1.100 euros, je paye 300 euros de carburant et 100 euros de péage pour aller travailler. C'est impossible!", soupire Filipe Coimbra, un enseignant en électrotechnique de 50 ans, qui parcourt tous les jours des dizaines de kilomètres pour se rendre dans son établissement à Lixa (nord). Les professeurs réclament notamment une prise en compte de leurs horaires réels de travail ou encore une hausse des salaires supérieures pour faire face à l'inflation, qui a atteint une moyenne de 7,8% en 2022 au plus haut depuis trente ans.
Ils protestent également contre un projet de réforme prévoyant une "décentralisation" du processus de recrutement des enseignements, avec une plus grande autonomie accordée aux établissements.
Cette journée de mobilisation intervient après une série des grèves partielles depuis début décembre, qui a conduit à la fermeture ponctuelle de plusieurs écoles.
Des professeurs en grève ont également campé cette semaine pendant cinq jours, devant le ministère de l'Éducation, à l'appel de la Fédération nationale des professeurs (FENPROF), principale centrale syndicale des enseignants. A partir de lundi, la FENPROF a convoqué une période de grèves tournantes par régions, commençant par Lisbonne, qui se terminera par une manifestation nationale le 11 février.
"Cette grève est atypique, disproportionnée et radicale en plein processus de négociations", a regretté vendredi soir le ministre de l'Éducation Joao Costa, qui doit se réunir mercredi à nouveau avec les syndicats.