Le secteur maritime d’Annaba entame l’année 2025 sous le signe du renouveau et des grands projets. L’Entreprise portuaire d’Annaba (EPAn) a accueilli Ali Boulaârès comme nouveau directeur général.
Ce jeune cadre dynamique, fort d’une expérience solide dans le domaine maritime, succède à Bouhafs Riad, admis à la retraite. Son mandat commence dans un contexte chargé de défis stratégiques et d’opportunités économiques majeures pour le port. Il en est ainsi du projet phare de la construction du quai minéralier, un ouvrage colossal au sein du port d’Annaba.
Lancé en 2024 dans le cadre du mégaprojet de phosphate intégré, ce quai représente bien plus qu’une infrastructure portuaire : il symbolise l’ambition de l’Algérie à diversifier ses exportations et à réduire sa dépendance aux hydrocarbures. Avec une longueur de 1600 m et une profondeur de 16 m, le quai minéralier sera en mesure d’accueillir des navires de grande capacité, facilitant l’expédition des produits phosphatés extraits et transformés à partir de la mine de Bled El Hadba, dans la wilaya de Tébessa.
Le projet comprend également une jetée brise-lames de 1400 m et diverses installations portuaires de pointe. Parallèlement, une ligne de chemin de fer de 422 km, traversant les wilayas de Souk Ahras, Guelma et Skikda, est en cours de construction pour relier la mine au port.
Cette infrastructure sera essentielle pour transporter le phosphate destiné à la production d’engrais phosphatés et de fertilisants, à la fois pour l’exportation et pour les besoins nationaux. Le quai minéralier, couvrant une superficie de 82 ha, est réalisé par un consortium sino-algérien regroupant China Harbour Engineering Company, Cosider TP et Meditram.
Ce projet structurant est perçu comme un maillon stratégique pour booster les exportations hors hydrocarbures, un objectif-clé dans la politique économique algérienne. Dans une de ses déclarations sur l’avancement de ce méga-chantier, Mohamed-Mehdi Younsi, chef de projet à l’Agence nationale de réalisation des infrastructures portuaires, a révélé : «Les travaux progressent à un rythme soutenu. A ce jour, les zones submergées sont en cours de stabilisation grâce à des couches superposées de pierres et de gravier, tandis que les études géotechniques et géophysiques se poursuivent en collaboration avec des experts chinois.»
Un impact socio-économique significatif
Avec une livraison prévue pour 2026, le quai minéralier promet d’apporter une transformation majeure à l’économie locale. Il devrait créer quelque 500 emplois directs dans la phase de construction, tout en générant des centaines de postes supplémentaires dans les secteurs liés à l’exploitation et au commerce des produits phosphatés. «Ce projet conférera au port d’Annaba un rôle stratégique dans le développement économique du pays. Il deviendra non seulement un point névralgique pour les exportations de phosphate, mais aussi un levier majeur pour la diversification économique algérienne, en ouvrant de nouveaux débouchés sur les marchés internationaux», estiment plusieurs économistes.
Outre le chantier du quai minéralier, la réhabilitation des quais 3 et 4, l’arrivée et la prochaine mise en place d’un shiploader et d’autres investissements de modernisation prévus renforceront davantage le rôle du port d’Annaba en tant qu’infrastructure-clé pour le commerce maritime algérien. Avec l’arrivée d’Ali Boulaârès à la tête de l’EPAn, le port entame une nouvelle phase de son histoire, marquée par l’innovation, le dynamisme et une vision tournée vers l’avenir.
Datant de l’époque coloniale, il est le premier du pays en termes d’exportations hors hydrocarbures et cinquième pour le trafic de conteneurs. Il confirmera davantage son statut après l’achèvement du quai minéralier qui, lui, renforcera de son côté les exportations du phosphate et des engrais. Dans un contexte de transformation économique nationale, Annaba se positionne ainsi comme un acteur central de la diversification des exportations et du développement durable, incarnant l’ambition d’une Algérie en marche vers l’autonomie économique.