Pologne : Madame Gorecka, la «batmom» aux 1600 chauves-souris

21/02/2024 mis à jour: 01:25
AFP
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Une chauve-souris s’agrippe à sa propriétaire de 69 ans Barbara Gorecka

Les chauves-souris sont «gentilles, sociales, très intelligentes et simplement dignes d’admiration», assure Barbara Gorecka, surnommée «la batmom» polonaise, qui a fait de son appartement du 9e étage un véritable asile et hôpital pour chiroptères.

Tout a commencé exactement il y a 16 ans, par un mois de janvier très froid (...), des chauves-souris ont commencé alors à sortir des gaines de ventilation dans mon appartement», raconte à l’AFP Barbara Gorecka, cette retraitée de 69 ans, qui garde en permanence chez elle des dizaines d’animaux malades, blessés ou réveillés de leur hibernation. 

«Depuis, j’ai sauvé 1600 chiroptères», dit la dame, propriétaire d’un appartement d’une soixantaine de mètres carrés, à Szczecin, dans le nord-ouest de la Pologne. «Je reçois surtout des chauves-souris épuisées, celles qui se sont réveillées, malheureusement pour elles, à cause par exemple de feux d’artifice, ou à cause d’un coup de chaud quand elles pensent que c’est déjà le printemps (...) et elles perdent tant d’énergie qu’elles ne peuvent plus voler», explique-t-elle. Selon Mme Gorecka, le réchauffement climatique y joue un rôle visible. Initialement sujette elle aussi aux préjugés et croyances populaires, Mme Gorecka dit avoir paniqué à la vue de la première chauve-souris qui a atterri dans les draps de sa fille. «J’imaginais qu’avec la chauve-souris le virus de la rage avait envahi tout l’appartement», avoue-t-elle. 

Depuis, elle a tout appris sur ces animaux dignes d’admiration, avec lesquels personne ne court aucun risque. Elle s’est entourée d’experts et d’un réseau de bénévoles qui l’aident quand son asile, son centre de remise en forme est surpeuplé. Mais ses patients peuvent y garder leur place à vie. Chaque chauve-souris a toujours son prénom, sa place, son propre tableau de repas et de distribution de médicaments.
 

«Je les aime»  

Certaines ne se contentent pas seulement de loger chez Mme Gorecka, elles vivent sur elle, à même la peau, en-dessous de ses vêtements. C’est le cas de Cécile, une chauve-souris sauvée juste après sa naissance alors que sa mère venait d’être tuée par un chat. «Je n’avais pas d’ailes pour qu’elle puisse s’y blottir alors je l’ai mise sur moi et, en sentant le battement de mon cœur et la chaleur de ma peau, elle s’est sentie comme chez elle. Aujourd’hui encore, dès qu’elle peut elle vient et est très jalouse de cet endroit alors qu’il y a aussi d’autres volontaires», sourit-elle.  

La batmom s’est déjà tellement habituée à avoir des chauves-souris sous son chemisier qu’il lui arrive d’oublier et de sortir avec une chauve-souris dans une manche : «Une fois, je suis même allée comme ça à l’église». Les chauves-souris se laissent apprivoiser très vite, au bout de deux ou trois jours, elles apprennent à manger dans leur gamelle, et celles qui sont là depuis longtemps servent d’exemple.  

Elles font aussi un travail d’éducation en accompagnant Mme Gorecka lorsqu’elle se rend dans des écoles pour combattre les préjugés qui nuisent à leur réputation. «Je dois avouer que simplement je les aime (...), je peux me lever au milieu de la nuit pour leur administrer un antibiotique, c’est comme on aime un enfant», déclare-t-elle ouvertement. «Certes, peut-être ne sont-elles pas des plus belles mais ce n’est pas de leur faute!», insiste la batmom.  
 

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