Plusieurs morts dans une attaque contre une agence des services de renseignement : Le Tchad renoue avec la violence

29/02/2024 mis à jour: 23:57
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Une destabilisation du Tchad risquerait d’entrainer l’Afrique centrale dans un tourbillon de violence

Des tirs sporadiques d’armes automatiques retentissaient hier après-midi à N’Djamena aux abords du QG du parti de l’opposition le Parti socialiste sans frontière (PSF), assiégé par l’armée, a rapporté l’AFP. Sous le couvert de l’anonymat dudit parti, accusé par le gouvernement d’avoir tenté d’assassiner, mi-février, le président de la Cour suprême, a fait état tirs de fusils kalachnikov et de grenades lacrymogènes.

 Plus tôt, une attaque a visé dans la nuit de mardi à mercredi des bureaux de l’Agence nationale de sécurité de l’Etat, les puissants services du renseignement intérieur, faisant «plusieurs morts» à N’Djamena, a annoncé le gouvernement tchadien, qui accuse des «éléments» du PSF menés par l’opposant Yaya Dillo. 

«La situation est désormais totalement sous contrôle», a assuré le gouvernement tchadien dans un communiqué hier, en précisant que «les auteurs de cet acte ont été arrêtés ou sont recherchés et seront poursuivis». 

Selon le communiqué, cette attaque est intervenue après l’arrestation d’un membre du PSF, accusé par le gouvernement de «tentative d’assassinat contre le président de la Cour suprême». La situation aurait alors «pris une tournure dramatique» avec «une attaque délibérée des complices de cet individu mené par les éléments du PSF et à leur tête le président de ce mouvement Yaya Dillo» contre les bureaux du renseignement, a affirmé le gouvernement. 

Opposant au président de la transition Mahamat Idriss Deby Itno, dont il est le cousin, Yaya Dillo a dénoncé une «mise en scène» concernant les allégations de tentative d’assassinat contre le président de la Cour suprême.

L’attaque intervient au lendemain de l’annonce du calendrier de l’élection présidentielle au Tchad dont le premier tour aura lieu le 6 mai et à laquelle le président Déby et Yaya Dillo ne font pas mystère de leur intention d’être candidats. Dans son communiqué rendu public hier, le gouvernement a affirmé que «toute personne cherchant à perturber le processus démocratique en cours dans le pays sera poursuivie et traduite en justice». Plus tard, Yaya Dillo a dénoncé un «mensonge». «Le but recherché est de m’empêcher, de m’éliminer physiquement, (...) pour me faire peur afin que je n’aille pas à l’élection», a ajouté l’opposant. 

A 37 ans, Mahamat Idriss Déby Itno a été proclamé par l’armée le 20 avril 2021 président de la transition, à la tête d’une junte de 15 généraux, après la mort de son père Idriss Déby Itno, mortellement blessé par des rebelles au front. Il a ainsi  dissout le gouvernement et l’Assemblée nationale et promet de rendre le pouvoir aux civils en organisant des élections 18 mois plus tard, échéance finalement repoussée de deux ans. 

Comme il s’est engagé auprès de l’Union africaine (UA) à ne pas se présenter à l’élection présidentielle, mais mi-décembre une nouvelle Constitution adoptée par référendum, à 86%, l’y a finalement autorisé. 

L’opposition, qui a appelé à boycotter le référendum, a contesté les résultats, évoquant «une confiscation du pouvoir». Elle craint la perpétuation d’une «dynastie Déby» dans le pays d’Afrique centrale, le deuxième le moins développé au monde selon l’ONU. Avant son fils, Idriss Déby Itno, arrivé au pouvoir par un coup d’Etat, a dirigé le pays d’une main de fer de 1990 jusqu’à sa mort en 2021. 

Saleh Déby, plus jeune frère du défunt président Idriss Déby, a récemment rejoint le parti de Yaya Dillo, après l’investiture de Mahamat Idriss Déby comme candidat de son parti, le Mouvement Patriotique du Salut (MPS), à la future élection présidentielle. Les candidats qui souhaitent se présenter devront déposer leurs candidatures au plus tard le 15 mars.

 

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