Plus de 10 millions d’Algériens sont en surpoids, soit près du quart de la population. Ce chiffre, qui date de la dernière enquête Stepwise OMS, a sûrement pris de l’ampleur durant ces 4 dernières années, où la pandémie de Covid-19 a obligé les gens à la sédentarité. Nous devons agir et vite.»
C’est en ces termes que le Pr Amar Tebaïbia, président de la Société algérienne de lutte contre l’obésité et les maladies métaboliques (SAOMM), a commencé son interlocution sur l’obésité en Algérie et son incidence sur la santé publique. Changer les mentalités, sensibiliser, contrôler, lutter contre les mauvaises pratiques et éduquer aux bonnes habitudes alimentaires sont les principaux axes d’action de la SAOMM.
Nouvellement créée (mars 2022), cette société savante constituée d’éminents professeurs et médecins dans plusieurs spécialités se veut un véritable front de lutte contre le surpoids, considéré aujourd’hui comme la maladie du siècle. «C’est un véritable problème de santé publique et un fardeau économique. Dans le monde, ils sont plus de 650 millions d’adultes et plus de 124 millions d’enfants et d’adolescents en situation d’obésité. Notre pays n’est pas à l’abri, étant donné qu’il y a 5 ans, ils étaient 9,7 millions d’Algériens souffrant d’obésité.
Ce qui représente 23% de la population générale, avec une prédominance féminine dépassant les 30% de la population générale. La situation est inquiétante, notamment que ce fléau pathologique touche aujourd’hui les enfants», souligne le Pr Tebaïbia.
Justement, il a été cité par le Dr Adlène Allal, médecin interniste membre de cette société savante, la nouvelle tendance, notamment dans les établissements privés, de placer des distributeurs automatiques de boissons et d’amuse-bouches qui sont surdosés de sucre et de sel. Deux éléments qui favorisent l’apparition du surpoids. Ouzna Redjala, professeur en cardiologie pédiatrique, est allée plus loin en alertant quant à l’addiction aux mauvaises habitudes alimentaire dès la période intra-utérine.
Pour elle, il faut imposer un régime alimentaire spécial pour la femme enceinte et appliquer les normes mondiales de diététique chez le nouveau-né en favorisant les fruits et légumes aux produits transformés souvent ultra sucrés. Pour le Pr Samia Zekri, vice-présidente de la SAOMM, prévenir contre l’obésité évitera beaucoup de charges économiques au pays et beaucoup de souffrances à la personne en surpoids et à sa famille.
«L’obésité a des solutions, peu importe son stade d’évolution. Il est important de rassurer ces personnes en surpoids et de les prendre en charge psychologiquement et thérapeutiquement afin d’éviter les pathologies lourdes auxquelles la science n’a pas encore trouvé de remède», déclare-t-elle. Elle est rejointe par le Dr Kadri Kamel, SG de la SAOMM, qui est revenu sur le changement des habitudes alimentaires et la croissance de l’obésité durant les 40 dernières années.
Le Dr Bouab Diae-Eddine est allé plus loin encore en appelant à changer les mentalités pour que l’obésité ne soit plus considérée comme un signe de beauté et d’aisance de vie, mais plus un signe avant-coureur de maladies graves et qu’elle soit considérée comme une véritable pathologie chronique curable.
Cette rencontre avec la presse nationale a été l’occasion de revenir sur les risques liés à cette surcharge pondérale, à savoir les risques de cancer colorectal et du sein, les problèmes cardio-vasculaires, le diabète et aussi la santé psychologique. Elle a également été l’occasion d’annoncer la tenue du congrès annuel sur l’obésité et les maladies métaboliques du 8 au 10 décembre. Un plan d’action riche a été dévoilé par la même occasion, alliant nouvelles technologies et action de sensibilisation sur le terrain et de formation et d’information.