Plus d’avions et des aéroports agrandis : Ruée vers l’aérien en Asie du Sud-Est

07/12/2023 mis à jour: 20:30
AFP
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Le nouvel aéroport de Siem Reap, qui dessert les temples d’Angkor, au Cambodge

Nouvel Eldorado de l’aérien, l’Asie du Sud-Est investit des milliards d’euros dans des aéroports plus grands pour se préparer à la hausse attendue du nombre de passagers, en dépit des inquiétudes géopolitiques et environnementales.

 De nouvelles compagnies aériennes s’apprêtent aussi à décoller dans la région, comme Really Cool Airlines, fondée par un vétéran du secteur, qui doit relier Bangkok au Japon, dans un premier temps, dès la mi-2024. «Il faut être fou pour lancer une compagnie aérienne aujourd’hui», admet auprès de l’AFP Patee Sarasin, un homme d’affaires thaïlandais. «C’est énormément d’argent. C’est épuisant de lever des fonds», admet l’ancien dirigeant de la compagnie à bas coûts Nok Air. Mais il veut profiter du boom à venir dans la région. 

«L’Asie du Sud-Est sera probablement l’un des centres de l’univers à l’avenir, avec le ralentissement de l’Europe et des Etats-Unis.» Boeing prévoit une croissance de 9,5% par an du trafic aérien dans la région sur les deux prochaines décennies, bien supérieure à la moyenne mondiale de 6,1%, grâce au développement du tourisme et des classes moyennes. La flotte d’Asie du Sud-Est, qui concentre aujourd’hui environ 10% du trafic mondial, soit plus de 500 millions de passagers en 2019, devrait quadrupler d’ici 2042 pour répondre à l’explosion de la demande, précise l’avionneur. Mais des nuages pointent à l’horizon, telle une dépendance trop étroite au marché chinois et le piège du surinvestissement, alors que les pressions pour limiter les émissions de carbone liées au changement climatique se font plus fortes.


Grandes ambitions 

La Thaïlande a lancé des projets de modernisation des infrastructures aéroportuaires à Bangkok, Chiang Mai et Phuket, quand le Vietnam construit son futur plus grand aéroport, à Hô Chi Minh-Ville. La mégastructure d’un coût de 14 milliards d’euros, prévue pour 2026, a suscité des plaintes en raison des tonnes de poussières rouges soulevées par le chantier qui font suffoquer les riverains.Le Cambodge aimerait faire du futur aéroport de Phnom Penh, espéré en 2025, une plateforme régionale qui puisse concurrencer Bangkok et Singapour, avec quelque 50 millions de passagers annuels en 2050.

 Le petit royaume a donné une idée de ses grandes ambitions, avec l’inauguration en novembre du nouvel aéroport de Siem Reap, qui dessert les temples d’Angkor. La construction du projet d’un milliard d’euros, financée par la Chine dans le cadre de ses «Nouvelles routes de la soie», est calibrée pour accueillir douze millions de passagers par an d’ici 2040, soit environ le double du nombre de touristes internationaux qui ont visité le pays en 2019. «Le nouvel aéroport change la donne, mais il en faut plus» pour renforcer l’attractivité de Siem Reap, explique Philip Kao, président d’une association locale de promotion du tourisme.
 

Aéroport fantôme

Le terminal flambant neuf paraît assez vide aujourd’hui, mais ses capacités seront utiles à l’avenir, assure un expert. «L’aéroport est en avance sur son temps. Après que le marché aura retrouvé son niveau pré-Covid, en 2024 ou 2025, nous verrons une forte hausse», estime Mayur Patel, directeur Asie pour le cabinet OAG. Les efforts coordonnés dans la région pour relancer le tourisme devraient «lever les difficultés pour voyager dans les années à venir», poursuit-il.

La Thaïlande, où le tourisme pèse environ 20% du PIB, a multiplié ces dernières semaines les mesures destinées à faciliter l’arrivée des visiteurs chinois et indiens, deux énormes réservoirs à clients. Mais les Chinois sont moins nombreux qu’attendu, dans un contexte de ralentissement économique de la superpuissance. L’Asie du Sud-Est a parfois été trop dépendante de la Chine, prévient le cabinet OAG dans une note, et de mauvaises surprises peuvent démentir les prévisions optimistes.

Ainsi, tout près de la frontière malaisienne, Betong a ouvert un aéroport en 2022, pour attirer les visiteurs dans l’extrême-sud de la Thaïlande. Mais il a été déserté par les compagnies aériennes après quelques mois, faute de public. 
 

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