Perspectives de l’économie mondiale : Une décennie de croissance lente ?

03/10/2024 mis à jour: 01:18
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Photo : D. R.

L’économie mondiale est confrontée à un problème de croissance lente, avec des ralentissements successifs au cours de chaque décennie du millénaire actuel, estiment des économistes de la Banque mondiale, pour qui «l’économie mondiale se porte mieux que ce que nous avions prévu il y a à peine six mois, mais elle se porte beaucoup moins bien qu’il y a six ans».

Pour les pays à faible revenu, l’augmentation du fardeau de la dette due aux taux d’intérêt élevés les amène à siphonner l’argent de l’éducation, de la santé et des infrastructures, ainsi qu’à priver le secteur privé de financement, indiquent-ils. S’exprimant hier sur un média du forum économique mondial, qui a repris leurs déclarations, une «décennie perdue» se profile donc pour ces pays à faible revenu.

Et d’expliquer que l’économie mondiale ne se porte pas aussi bien qu’elle le devrait, parce que les partenaires commerciaux de ces pays ne se portent pas bien, ils pourraient finir par avoir une croissance très lente, a-t-on estimé. Et d’ajouter : «A mesure que les taux de croissance diminuent et que la croissance démographique reste élevée, les niveaux de revenu par habitant diminuent.» Par ailleurs, et «alors que l’inflation a baissé et que les économies avancées recommencent à penser à la croissance, la nature de cette croissance pourrait s’avérer problématique», a-t-on alerté.

Les problèmes d’endettement ont un effet domino

Les économistes de la Banque mondiale estiment que cet état de fait suscite des inquiétudes quant à la «stagnation séculaire» dans les économies avancées. Cela signifie un ralentissement de la croissance de la productivité et des données démographiques défavorables, essentiellement le vieillissement de la population et la baisse de la participation au marché du travail, selon leurs projections. En effet, le nombre de personnes âgées de plus de 65 ans devrait plus que doubler d’ici 2050, et le monde doit commencer à s’adapter dès maintenant à cette nouvelle ère démographique, selon les données d’un rapport du Forum économique mondial.

Selon la même source, les pays à revenu faible et intermédiaire ont versé un montant record de 443 milliards de dollars pour assurer le service de leur dette en 2022, à la suite de la flambée des taux d’intérêt. Cependant, les graines de ce problème ont été semées il y a 20 ans, lorsque beaucoup de ces pays ont bénéficié d’un allégement de la dette, a-t-on souligné. «Au début des années 2000, il y avait pas mal d’argent dans les économies avancées, alors ces pays (à revenu faible et intermédiaire) ont commencé à emprunter beaucoup d’argent.

Les taux d’intérêt étaient relativement bas et ils se sont endettés. Etant donné que la majeure partie de cette dette a été contractée sur des taux de change flottants, une fois que les taux d’intérêt ont commencé à augmenter (et ont continué à augmenter), le fardeau du service de la dette a rapidement augmenté. Cela a abouti à détourner de l’argent destiné généralement à l’éducation, la santé, les investissements dans les infrastructures, etc. et continuer à rembourser la dette, ce qui a pour conséquence l’appauvrissement de l’Etat, de la population et une détérioration économique du pays.

Par ailleurs, le Forum économique mondial estime que le nombre de marchés émergents en surendettement a bondi dans les années 2020, et Fitch Ratings indique qu’un nombre record de défauts de paiement de la dette publique ont eu lieu au cours de cette décennie, notamment au Liban, au Ghana, au Sri Lanka et en Zambie.

Avec l’augmentation du fardeau de la dette et la baisse de la croissance économique, les ratios de la dette au PIB vont inévitablement augmenter. Cela rend tout pays moins attrayant pour les investisseurs étrangers et, par conséquent, les pays à revenu faible et intermédiaire «doivent recalibrer ce qu’ils pensaient être des niveaux d’endettement soutenables», a-t-on indiqué.

Et de conclure que pour les pays, qui sont déjà en situation de surendettement, ont le devoir de trouver un moyen de procéder à des défauts de paiement ordonnés. «Elles (les dettes) ne doivent pas être désordonnées, elles ne doivent pas être retardées, elles ne doivent pas durer une éternité et ainsi de suite, car elles finissent par causer beaucoup de problèmes et semer les graines de crises futures», a-t-on recommandé.  

 

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