Pérou : Les «waruwaru», technique agricole andine contre la crise climatique

25/02/2024 mis à jour: 01:24
AFP
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Vue aérienne d’un waruwaru creusé dans un champ à Acora, dans la région de Puno

Appelés «waruwaru», un mot en langue quechua signifiant «litière», «c’est un système agricole (...) très bénéfique en période de sécheresse et de gel», explique à l’AFP César Cutipa, agriculteur de 42 ans des plaines humides d’Acora, un village situé à 3812 mètres d’altitude près du lac Titicaca où six «waruwaru» ont été creusés dans les champs. 

A l’intérieur d’un cercle où circule l’eau dans des canaux d’un mètre de profondeur, des plateformes rectangulaires reçoivent les semis. Dans les canaux, l’eau absorbe la chaleur du soleil pendant la journée et la restitue la nuit quand la température peut descendre à des températures négatives.
 

«Délaissés» puis «reconstruits» 

«L’habileté des colons préhispaniques a permis de développer cette technologie qui tire le meilleur parti de la capacité hydrique de la région et des périodes de pluies», explique à l’AFP l’archéologue Velko Marusic, du ministère de la Culture de la région de Puno. Les sols de l’altiplano sont pauvres, secs et peu propices à l’activité agricole, mais grâce à cette technique «qui permet de lutter contre le gel, de fertiliser les sols, de générer des microclimats», les agriculteurs récoltent des pommes de terre et du quinoa, ajoute-t-il. 

Selon Gaston Quispe, agronome de 43 ans, leurs avantages sont précieux en raison des variations climatiques inattendues dues au changement climatique. «Les WaruWaru ne peuvent pas être inondés en période de pluies car ils disposent d’un système de drainage intelligent qui rejoint la rivière», explique-t-il à l’AFP. Ils ont notamment été très bénéfiques l’an passé, lorsque la région de Puno a connu l’une de ses pires périodes de sécheresse en six décennies, faute de précipitations, selon le service météorologique national.

Les origines des waruwaru remontent à 2000 ans dans la région aymara, mais l’empire inca (XVe siècle) les avait délaissés. Ils ont commencé à être reconstruits dans les années 1990, explique M. Marusic. 
 

A Acora, des rituels, appelés «Luqta» (messe, en langue aymara) sont par ailleurs observés pour implorer des dieux une bonne récolte. Les participants lancent en l’air des offrandes et des feuilles de coca pour demander à Pachamama, la Terre mère, des conditions climatiques clémentes.  «Ici on peut vivre en paix parce que nous avons nos pommes de terre, notre quinoa et notre orge. 

Pas besoin pour nous de quitter nos terres et d’aller en ville», dit à l’AFP Valeria Nahua, une agricultrice de 22 ans. 

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