Des milliers de manifestants au Pérou convergeaient vers Lima pour y protester en masse hier contre la présidente péruvienne, Dina Boluarte, et pour de nouvelles élections, malgré l’état d’urgence déclaré dans la capitale péruvienne et trois autres régions. «Nous avons pris la décision d’aller à Lima» à partir de lundi, a annoncé Julio Vilca, un leader de la protestation de la province d’Ilave, dans le sud du pays.
Les contestataires, qui exigent la démission de la présidente péruvienne, la tenue immédiate d’élections et la dissolution du Parlement, veulent atteindre la capitale pour donner plus de poids à leurs revendications.
Des groupes de protestataires ont commencé à arriver ce week-end pour prendre le «contrôle de la ville», selon eux. Dimanche soir, des dizaines de manifestants, encadrés par un important dispositif policier, ont défilé pacifiquement du centre-ville au quartier touristique de Miraflores à Lima, aux cris de «Dina ordure, à bas la dictature» ou «Dina, Corrompue assassine!».
«Ca va être plus fort demain (lundi) et le 17 (mardi). Les régions arrivent déjà à Lima, nous exigeons que Boluarte démissionne et qu’ils ferment le Parlement immédiatement. Nous ne voulons plus de morts», affirme Jasmin Reinoso, 25 ans, infirmière d’Ayacucho, présente à Lima depuis 2 mois.
Au moins trois mille personnes d’Andahuaylas (sud-est), un des épicentres des manifestations en décembre, se préparaient dimanche après-midi à se rendre en voitures et en camions dans la capitale péruvienne, selon la radio RPP.
L’état d’urgence, décrété samedi et en vigueur pour 30 jours à Lima et trois autres régions, autorise l’armée à intervenir pour maintenir l’ordre et surtout suspend la liberté de circulation et de réunion.
Outre Lima, les départements de Cuzco et de Puno (sud) et le port de Callao, à côté de la capitale sont soumis à l’état d’urgence qui avait déjà été décrété mi-décembre dans tout le Pérou, pour 30 jours.
Messe en hommage aux personnes tuées
Les heurts entre forces de l’ordre et manifestants ont fait au moins 49 morts en cinq semaines, selon l’Eglise catholique qui récence exactement 41 civils et un policier tués lors des émeutes et sept personnes décédées des conséquences des blocages routiers. «Le sang versé ne crie pas vengeance», a lancé l’archevêque Carlos Castillo Mattasoglio dimanche lors d’une messe en la cathédrale de Lima en hommage aux personnes tuées pendant les troubles qui secouent le Pérou depuis décembre.
«Tous les morts sont nôtres. Que les terribles cruautés qui ont été faites à certains, surtout à ceux qui ont reçu de terribles balles Dum-Dum et notre frère policier brûlé, que ces cruautés disparaissent de notre horizon», a déclaré le prélat lors de son homélie, qui comprenait des passages en quechua, appelant à «la paix», la «fraternité» et à la fin de la «spirale de la violence». Les protestations ont éclaté après la destitution et l’arrestation le 7 décembre du président socialiste Pedro Castillo, accusé d’avoir tenté de perpétrer un coup d’Etat en voulant dissoudre le Parlement qui s’apprêtait à le chasser du pouvoir.