Péninsule coréenne : Pyongyang rétablit des postes de garde à la frontière avec le Sud

28/11/2023 mis à jour: 00:21
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Une guerre froide s’est installée entre les deux Corée

La Corée du Nord a envoyé des troupes à sa frontière méridionale pour rétablir les postes de garde démantelés dans le cadre d’un accord conclu avec la Corée du Sud en 2018, a déclaré hier l’armée sud-coréenne, citée par l’AFP.

En réaction au lancement par Pyongyang de son premier satellite espion la semaine dernière, Séoul a suspendu partiellement l’accord entre les deux Corées qui vise à apaiser leurs tensions frontalières, mais le Nord a purement et simplement abandonné l’accord dans sa totalité en avertissant qu’il n’y serait «plus jamais lié».
Un responsable militaire sud-coréen a déclaré lundi que Pyongyang a récemment envoyé du personnel armé et du matériel pour rétablir ses postes de garde.
 

L’agence de presse Yonhap a rapporté que des soldats nord-coréens ont été «vus en train de reconstruire les postes de garde depuis vendredi», citant un responsable militaire, et que les 11 postes démantelés dans le cadre de l’accord militaire conclu il y a cinq ans devraient être rétablis. 
 

Le développement accéléré des programmes d’armement de la Corée du Nord a alarmé Séoul. La Corée du Sud a déployé des «moyens de surveillance et de reconnaissance» à la frontière comme «mesure essentielle», selon l’armée sud-coréenne pour se défendre contre les menaces croissantes de la Corée du Nord, dotée de l’arme nucléaire. Pyongyang a répliqué qu’elle «déploierait des forces armées plus puissantes et du matériel militaire de type nouveau dans la région située le long de la ligne de démarcation militaire» divisant la péninsule. Après deux tentatives infructueuses en mai et en août, Pyongyang  a lancé  un satellite militaire espion vers le sud, a affirmé, le 21 novembre, l’armée sud-coréenne. 

Selon les experts, la mise en orbite d’un satellite espion opérationnel optimiserait la quête de renseignements nord-coréenne, en particulier sur son rival du Sud, en ayant accès à des données cruciales dans la perspective d’un conflit militaire. Quelques jours auparavant, la Corée du Nord a mis au point des moteurs à combustible solide à forte poussée de type nouveau pour des missiles balistiques intermédiaires. 

L’essai d’un missile à combustible solide, technologiquement plus avancé est l’un des principaux objectifs du dirigeant du Nord, Kim Jong Un, dans le cadre de la campagne de modernisation militaire annoncée dans son rapport du Nouvel An lunaire.
 

Malgré les sanctions

Pyongyang est confronté depuis des années aux salves de sanctions internationales pour stopper son développement de programmes nucléaire et de missiles, et n’a montré aucun signe d’être prête à abandonner son arsenal qu’elle voit comme une assurance contre toute tentative de renversement du régime.
 

Ainsi, depuis un an, la Corée du Nord a procédé à plusieurs essais de missiles et d’autres armes, notamment un test de son premier missile balistique à combustible solide, une percée technologique clé pour les forces armées de Kim Jong Un. A la mi-juin, le Nord a tiré deux missiles balistiques à courte portée en réponse aux exercices des Etats-Unis et de la Corée du Sud. En juillet, il a tiré un missile balistique intercontinental (ICBM) présumé, selon des responsables japonais et sud-coréens. Le missile à longue portée a volé pendant plus d’une heure avant d’atterrir à proximité des eaux japonaises. 

Ce lancement intervient après que le pays a menacé de riposter à ce qu’il a qualifié de récentes incursions d’avions espions américains au-dessus de son territoire. La Corée du Nord a qualifié l’an passé d’«irréversible» son statut de puissance nucléaire, écartant ainsi toute possibilité de négociations sur la dénucléarisation. Lors de leur sommet tripartite tenu en août dernier à Camp David, à Washington, les Etats-Unis, la Corée du Sud et le Japon ont appelé une nouvelle fois Pyongyang à «abandonner son programme nucléaire et de missiles balistiques». Ils ont décidé aussi de mettre en place un programme d’exercices militaires conjoints sur plusieurs années.

 Lors de sa visite en avril dernier aux Etats-Unis, le président sud-coréen Yoon Suk-yeol a adopté avec son homologue américain, Joe Biden, la «Déclaration de Washington», qui renforce leur coopération en matière de défense, y compris nucléaire. Parmi les mesures décidées dans le cadre de cet accord, figure l’escale d’un sous-marin nucléaire lanceur d’engins en Corée du Sud, pour la première fois depuis quatre décennies.
 

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