Patrimoine en péril

07/05/2023 mis à jour: 00:36
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La contrebande du patrimoine culturel algérien, notamment des antiquités, a atteint des niveaux inquiétants. Ses conséquences sont incommensurables. Des pages entières de notre histoire sont en train de se perdre à tout jamais. 

Quoi de plus grave quand un pays est dépossédé de son héritage historique. Il n’y a pas que cela. Le business des antiquités peut constituer aussi une source de financement des activités criminelles. Raison de plus pour le combattre. Et vite.
 

Afin de lutter contre ce trafic, de nombreuses mesures ont été prises depuis des décennies par des organismes internationaux. Des conventions ont été adoptées par l’Unesco, dont celle de La Haye en 1954, portant sur les crimes contre le patrimoine culturel. D’autres mesures suivront, dont la Convention de 1995 relative au pillage du patrimoine culturel. 

Cependant, le combat de l’Unesco dans ce champ ne date pas d’aujourd’hui. En 1970, l’organisation onusienne a fait adopter l’accord sur les mesures à prendre pour interdire et empêcher l'importation, l'exportation et le transfert de propriété illicite de biens culturels. 

Ce dernier a été ratifié par de nombreux pays. Mais l'accord le plus important de l'Unesco en matière de patrimoine culturel est la Convention du patrimoine mondial de 1972. Cette convention a établi un système de protection du patrimoine culturel et naturel qui est reconnu comme ayant une valeur universelle exceptionnelle. Les pays peuvent également adopter des lois nationales pour protéger leur patrimoine culturel et coopérer avec les organismes internationaux et les autres pays. Le but est de récupérer les biens culturels volés ou illicitement exportés. 

Qu’en est-il de l’Algérie ? Beaucoup de nos trésors ont été spoliés durant l’époque coloniale. Les vols continuent malheureusement aujourd’hui. Les pertes endossées à cause du trafic continuel des antiquités sont estimées à 6 milliards de dollars. 

Depuis 2018 jusqu’au premier trimestre de l’année 2023, les Douanes ont déjoué une contrebande d’environ 1000 objets archéologiques. Il va sans dire que le patrimoine culturel et les objets archéologiques ont des dimensions politico-sociétales importantes. Ces dimensions doivent être prises en compte dans la stratégie publique de protection de l’identité algérienne. Si les textes de loi ont toujours existé, leur application demeure encore problématique, cela en plus de receler des aberrations. 

Comment peut-on, en effet, mettre dans le même panier la contrebande des objets archéologiques et celle du carburant, des pâtes, de la semoule ou de l’huile de table. Il serait souhaitable d’ailleurs que les autorités mettent en urgence un terme à cette aberration et agissent avec fermeté contre ceux qui dilapident nos trésors. Notre histoire et notre patrimoine en dépendent. 

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