«Partenariats stratégiques», la mise à nu

26/03/2022 mis à jour: 21:05
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Les partenariats dits «stratégiques» que l’Algérie a conclus avec des pays étrangers auxquels elle est censée être liée par des relations d’excellence trahissent, dans certains cas, des réalités, des calculs étroits et des égoïsmes dissimulés sous le manteau de généreuses professions de foi politiques vantant les liens d’amitié, de fraternité, de coopération exemplaires. 

Le grave incident diplomatique par lequel s’est illustré le gouvernement espagnol de Pedro sanchez, qui a franchi cette semaine le pas suicidaire et provocateur de soutenir, au mépris du droit international, l’option marocaine de l’autonomie du Sahara occidental, en échange de royalties territoriales, via le marchandage des deux enclaves de Ceuta et Melilla, est venu brouiller un peu plus les cartes géo-politiques dans notre région. 

Dans la diplomatie des temps modernes, le substrat idéologique qui a constitué, par le passé, le socle doctrinal des relations internationales, a laissé place à un jeu d’alliances et de contre-alliances entre Etats qui se font et se défont, sans état d’âme, sous l’effet de vils calculs de pouvoir. 

L’éthique politique, les positions de principe qui pouvaient, naguère, faire se rencontrer, dans un même combat, des Etats idéologiquement antagonistes, pour dénoncer un fait colonial en Afrique, en Asie ou en Amérique latine, des atteintes aux libertés et aux droits humains ont déserté aujourd’hui le champ de la pratique politique.

 De quelle légitimité populaire peut se prévaloir un gouvernement, un Etat qui souscrit à des engagements internationaux au nom de son opinion publique et qui les renie, sans rougir, pour des marchandages territoriaux, pour une illusoire quête sécuritaire ?

 L’Algérie ne peut pas rester indifférente face à cette nouvelle manœuvre, qui se brisera fatalement devant la volonté inébranlable d’émancipation du peuple sahraoui. D’autant que les relations entre Alger et Madrid semblaient baigner dans l’huile à la suite des déclarations faites par le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, lors de sa récente visite dans notre pays, où il avait plaidé et obtenu des assurances sur le dossier de la sécurité des approvisionnements de son pays en gaz algérien, qualifiant notre pays de partenaire «stratégique, sérieux et fiable». 

Les manœuvres militaires maroco-françaises, qui viennent de se dérouler à nos frontières, dans ce contexte tendu, sont une nouvelle banderille plantée dans le dos de l’Algérie par un autre partenaire étranger qualifié de «stratégique», la France en l’occurrence. 

Ces (re)positionnements de certains partenaires traditionnels de l’Algérie sur un dossier sensible qui menace la sécurité de toute la région posent la problématique de cette propension de notre pays à s’engager, dans certains cas, avec une telle légèreté dans l’appréciation de ses intérêts nationaux. En nouant des formes de partenariats étrangers exagérément sublimés, qui se sont révélés gagnants-perdants à l’épreuve du terrain, voire des sources d’hostilités et d’inimitiés pour l’Algérie. 

Une mise à plat souveraine et courageuse de nos relations internationales pour les adapter au mieux de nos intérêts s’impose aujourd’hui.

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