Parmi eux, il y a Laalami, Zouaimia, Zeghileche et Zaki Hannache : Une cinquantaine de détenus d’opinion libérés

02/04/2022 mis à jour: 06:45
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Plusieurs détenus d’opinion ont bénéficié d’une libération provisoire, entre mercredi 30 et jeudi 31 mars. Selon un décompte établi par le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), la mesure a touché 52 personnes au niveau national, dont 15 à Alger. 

Parmi les libérés, il y a le journaliste Abdelkrim Zeghileche, l’Algérien établi au Canada, Lazhar Zouaïmia, arrêté alors qu’il s’apprêtait à rentrer dans son pays d’accueil, après un séjour de quelques jours en Algérie, ou encore le lanceur d’alerte Zakaria Hannache, dit Zaki, qui s’est illustré par son travail de veille pour ce qui est des détenus d’opinion. Il y a également l’activiste de Bordj Bou Arréridj, Chems Eddine Laalami, dit Brahim, mis en détention au mois de juillet dernier et qui a été poursuivi dans trois affaires dans lesquelles il a écopé de deux ans de prison dans chacune d’elles. Jusque-là, les autorités n’ont pas communiqué au sujet de cette série de mises en libération provisoire. Les avocats, qui se sont mis à relayer les informations autour de ces décisions n’en savent pas plus. Beaucoup de proches des détenus encore en prison scrutaient la moindre information relative aux libérations, durant ces deux derniers jours. 

Or, apparemment, le processus s’est estompé jeudi matin. Tout en se félicitant de voir ces détenus rejoindre leurs familles, nombre de militants, de défenseurs des droits de l’homme ou de militants se sont dit espérer que ces mesures touchent l’ensemble des détenus d’opinion. «Les emprisonnements sont politiques, idem pour leur libération», a estimé à cet effet l’ex-député du Parti des travailleurs (PT), Ramdane Youcef Taazibt. «Nous encourageons le gouvernement à élargir cette mesure de libération à l’ensemble des détenus d’opinion et à adopter un nouveau cap d’ouverture et de respect des libertés. Assez de pression et de répression», a indiqué, pour sa part, Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH), qui, d’ailleurs, a fait remarquer que parmi les personnes libérées, certaines sont poursuivies «sous le coup de l’article 87 bis du code pénal». 

Le Front des forces socialistes (FFS) a indiqué, dans un communiqué, après avoir pris acte de ces mesures, et tout en rappelant que la libération des détenus d’opinion fait partie de ses revendications, qu’il faudrait que ces mesures «touchent l’ensemble des détenus d’opinion» avec «extinction de toutes les poursuites et la réhabilitation des concernés afin de clore définitivement ce dossier». «Le FFS considère que de telles mesures, si elles sont associées à une volonté politique réelle pour la consolidation de la démocratie et de l’Etat de droit, peuvent instaurer un climat d’apaisement et rétablir la confiance qui va permettre de lancer un processus politique rassembleur dans le but de bâtir un Etat souverain et fort avec l’adhésion du peuple», a encore déclaré le FFS dans ce communiqué. «Des dizaines de détenus d’opinion demeurent encore dans les prisons algériennes. Ne les oublions pas et continuons à exiger leur libération sans conditions !» a souligné, quant à lui, le secrétaire national chargé de la communication au Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD). 

Certains avocats ont tenu, dans le même ordre, et tout en saluant bien entendu ces libérations, à relever la problématique que poseraient ces emprisonnement-libérations par rapport au principe de l’indépendance de la justice. «L’indépendance de la justice au gré de la politique», a estimé Abdellah Haboul, alors que Nabila Smail a mis le doigt sur le fait que la liberté provisoire a été prononcée à l’encontre «des détenus condamnés définitivement». En tout cas, si une cinquantaine de détenus d’opinion ont bénéficié d’une libération provisoire, beaucoup d’autres, poursuivis globalement pour les mêmes motifs, sont toujours en prison. Selon un nouveau décompte du CNLD, qui a pris en compte les libérations de mercredi et jeudi, il reste aujourd’hui 266 détenus d’opinion, dont 98 à Alger. 
 

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