Paléontologie/Découverte : Un fossile remarquable de mammifère à l’assaut d’un dinosaure

20/07/2023 mis à jour: 20:41
AFP
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Cette illustration met en scène un Repenomamus robustus attaquant un Psittacosaurus lujiatunensis, il y a quelque 125 millions d’années.

Un mammifère de la taille d’un blaireau plantait ses crocs dans les côtes d’un dinosaure faisant trois fois sa taille, quand les deux ont été figés dans la cendre d’une éruption volcanique il y a 125 millions d’années, comme en témoigne un fossile remarquablement préservé. 

La scène de lutte, dans un fossile très bien préservé découvert en Chine, suggère que de petits mammifères pouvaient s’en prendre aux dinosaures qui dominaient la faune de la période du Crétacé, expliquent des chercheurs dans la revue Scientific Reports parue mardi. C’est la première fois que l’on découvre un fossile montrant le combat entre un mammifère et un dinosaure, selon Jordan Mallon, paléontologue au Musée canadien de la nature, qui a cosigné l’étude menée par des scientifiques chinois.

 En découvrant le fossile, «je n’en ai pas cru mes yeux», dit-il à l’AFP. Les mammifères étaient jusqu’ici considérés comme trop petits pour s’en prendre aux dinosaures pendant les quelques dizaines de millions d’années où ils se sont côtoyés. Mais le fossile montre un Repenomamus robustus dominant un Psittacosaurus lujiatunensis, un herbivore haut d’un mètre vingt et doté d’un bec semblable à celui d’un perroquet. On distingue clairement le mammifère - l’un des plus grands de son temps mais pesant seulement le tiers du dinosaure - qui a planté ses crocs acérés dans les côtes de sa proie tout en agrippant sa patte arrière.
 

«Mammifères fougueux» 

La façon dont les deux squelettes sont enlacés montre que le mammifère ne se repaissait pas du cadavre d’un dinosaure, selon Jordan Mallon. «Le dinosaure s’est effondré et a coincé une patte arrière du mammifère au creux de ses genoux», ce qui suggère une attaque par le mammifère, relève le paléontologue. Le squelette du dinosaure ne porte pas d’autres traces de morsures, qui seraient typiques de celles que laisse un animal qui a dévoré une charogne.

 S’il est rare que des mammifères s’en prennent à des animaux beaucoup plus gros qu’eux, un exemple existe encore de nos jours, avec le glouton qui a été observé attaquer un caribou, beaucoup plus imposant que lui.
Le fossile n’a pas permis de déterminer si Repenomamus robustus chassait seul ou en meute. 
Les deux squelettes, quasiment complets, ont été découverts en 2012 dans le Liaoning, une province du nord-est de la Chine. Le site, surnommé «le Pompéi chinois», abrite de nombreux restes de dinosaures et d’autres animaux préservés dans des débris volcaniques similaires à ceux de l’ancienne ville romaine. 

Un premier fossile découvert en 2005 avait suggéré que des mammifères pouvaient se repaître de dinosaures. Il montrait qu’un petit Psittacosaurus avait terminé dans l’estomac d’un Repenomamus. Mais ce nouveau fossile est la première preuve qu’il «existait au moins quelques mammifères fougueux, vers le Crétacé (...), capables de mettre à bas un dinosaure adulte», selon Jordan Mallon  

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