Pakistan : L’ex-président Musharraf a été inhumé à Karachi

08/02/2023 mis à jour: 06:40
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L’ancien président pakistanais, Pervez Musharraf

Lancien président pakistanais, Pervez Musharraf, qui laisse un héritage controversé dans son pays dont il avait fait un allié des Etats-Unis dans la lutte contre Al Qaïda, a été inhumé hier à Karachi devant une foule essentiellement composée de militaires. Les obsèques, auxquelles ni le président Arif Alvi ni le Premier ministre Shehbaz Sharif n’ont assisté n’avaient fait l’objet d’aucune annonce officielle de la part du gouvernement ou de l’armée et n’ont pas été retransmises à la télévision. Au Pakistan, où l’armée est toujours extrêmement puissante même si elle n’est plus au pouvoir, le général Musharraf reste un personnage contesté. Dernier dirigeant militaire du Pakistan (2001-2008), il est mort dimanche à l’âge de 79 ans à Dubaï, où il était traité depuis 2016 pour une amylose, une pathologie rare touchant les organes vitaux. Des prières ont été récitées dans un camp militaire de Karachi (sud) lors d’une cérémonie sobre, à laquelle ont pris part environ 10 000 personnes, principalement des militaires en service ou à la retraite, a constaté un journaliste de l’AFP. Le cercueil ceint du drapeau national a ensuite été transporté dans un cimetière militaire placé sous haute sécurité, dans la ville où la famille de cet ancien commando d’élite, né à New Delhi le 11 août 1943, avait fui après la partition de l’Inde. «Il n’a pas reçu les honneurs qu’il méritait (...) Le gouvernement n’a rien fait, il aurait dû organiser les funérailles au stade national», a regretté Rubina Mazhar, une herboriste. Dans son éditorial lundi, Dawn, le principal quotidien anglophone du pays, l’a décrit comme «une sorte d’énigme, son régime autoritaire ayant été émaillé de réformes libérales». «Cependant, les erreurs de feu le général ont été considérables, la principale et la plus impardonnable étant d’avoir fait dérailler le processus constitutionnel», a ajouté le journal.

Allié de Washington

Pervez Musharraf avait renversé en octobre 1999 le gouvernement civil de Nawaz Sharif, sans effusion de sang. Il s’était autoproclamé président en juin 2001, avant de remporter en avril 2002 un référendum controversé. Initialement perçu comme un modéré, il s’était érigé en principal allié régional de Washington dans la lutte contre l’organisation djihadiste Al-Qaïda, après les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis. Pendant ses neuf années au pouvoir, le Pakistan a vu sa croissance économique décoller, sa classe moyenne se développer, les médias se libéraliser et l’armée jouer la carte de l’apaisement face à l’Inde rivale. Mais il a aussi suspendu deux fois la Constitution et été accusé de violations des droits humains à l’encontre de ses opposants. L’assaut sanglant contre des islamistes lourdement armés réfugiés dans la Mosquée rouge d’Islamabad à l’été 2007, ses tentatives de limoger le président de la Cour suprême et l’imposition de l’état d’urgence la même année avaient fini par le rendre très impopulaire. Il avait finalement été contraint à la démission en août 2008 après une déroute électorale, préférant cette issue à une probable destitution. Le général Musharraf avait interrompu un luxueux exil volontaire en 2013 pour tenter de revenir au pouvoir, mais sa candidature avait été invalidée et le scrutin avait été remporté par Nawaz Sharif, l’homme qu’il avait renversé en 1999. En août 2017, la justice pakistanaise l’avait déclaré «fugitif» dans le procès du meurtre de Benazir Bhutto, la première femme de l’ère moderne à avoir dirigé un pays musulman. Il était soupçonné d’avoir pris part à une vaste conspiration afin de tuer sa rivale avant des élections, ce qu’il a toujours nié.

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