L'ancien Premier ministre pakistanais Imran Khan est sorti de l'hôpital dimanche, trois jours après avoir été blessé par balles aux jambes lors d'une tentative d'assassinat ratée, a indiqué un de ses proches collaborateurs. Cette attaque fomentée, selon l'ancien Premier ministre par son successeur Shehbaz Sharif, a fait monter d'un cran la tension politique dans ce pays en ébullition depuis l'éviction de Imran Khan du pouvoir en avril. L'ancien ministre de l'Information Fawad Chaudhry a déclaré à l'AFP que Khan était sorti et une chaîne de télévision locale l'a montré quitter la clinique de Lahore en fauteuil roulant vêtu d'une blouse d'hôpital bleue.Imran Khan, 70 ans, s'adressait à ses partisans jeudi depuis un conteneur posé sur un camion à Wazirabad, à environ 170 km à l'est de la capitale, quand un individu a tiré en rafale dans sa direction. Un homme a été placé en garde à vue à la suite de l'attaque, qui, selon les responsables gouvernementaux, est l'œuvre d'un tireur isolé et constitue «un cas très clair d'extrémisme religieux». Dans une vidéo divulguée aux médias par la police, le suspect déclare avoir tenté de tuer Imran Khan parce que son convoi interrompait l'appel à la prière.Néanmoins, a insisté vendredi Amran Khan en s'adressant aux journalistes depuis l'hôpital, deux tireurs sont impliqués. Selon lui, Shehbaz Sharif son successeur, ainsi que le ministre de l'Intérieur Rana Sanaullah et un officier supérieur des services de renseignement sont derrière cette tentative d'assassinat. Le gouvernement et l'armée ont qualifié ces accusations de «mensonges» et ont menacé de le poursuivre en diffamation. Ancienne star du cricket, Khan est devenu Premier ministre en 2018 après la victoire aux législatives de son parti le PTI (Mouvement du Pakistan pour la justice) sur un programme mêlant réformes sociales, lutte contre la corruption et conservatisme religieux.Mais sous son mandat, la situation économique s'est dégradée et il a perdu l'appui des militaires considérés comme les faiseurs de roi au Pakistan, avant d'être renversé par une motion de censure en avril. Depuis, M. Khan fait campagne pour obtenir la tenue d'élections anticipées en organisant une série de rassemblements tout en affirmant qu'il a été écarté du pouvoir par une conspiration orchestrée par les États-Unis. Selon des analystes, la tentative d'assassinat et les accusations de Khan ont fait entrer le Pakistan dans une «phase dangereuse».
«C'est une situation périlleuse, non seulement pour le processus démocratique mais aussi pour le pays s'agissant particulièrement du développement économique», a estimé l'analyste politique Tauseef Ahmed Khan, également membre du bureau de la Commission sur les droits humains du Pakistan.