Pakistan : L’ex-Premier ministre Imran Khan condamné à 10 ans de prison

31/01/2024 mis à jour: 04:15
AFP
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L’ancien Premier ministre pakistanais Imran Khan a été condamné à dix ans de prison pour une affaire de divulgation de documents classifiés, a annoncé hier son parti et les médias publics, relayés par l’AFP. Le jugement a été rendu dans la prison d’Adiala, où Imran Khan, qui doit répondre à des accusations dans des dizaines d’affaires et a été déclaré inéligible pour cinq ans, est incarcéré quasiment depuis son arrestation en août. 

Cette condamnation survient à moins de dix jours des élections législatives et provinciales du 8 février, dont la campagne a été entachée d’accusations de fraudes et de répression contre le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI), le parti qu’il a fondé. «Vous devez prendre votre revanche pour chaque injustice avec votre vote le 8 février», a déclaré Imran Khan à l’intention des électeurs, dans un communiqué publié sur son compte X (anciennement Twitter). 

L’ex-chef du gouvernement et Shah Mahmood Qureshi, son ancien ministre des Affaires étrangères et numéro deux du PTI, ont été condamnés à dix ans de prison, ont annoncé plusieurs responsables du PTI. Au cœur de cette affaire : un câble diplomatique de l’ambassadeur du Pakistan aux Etats-Unis, qu’Imran Khan a présenté comme la preuve d’un complot américain contre lui, soutenu par les militaires pakistanais. Les Etats-Unis et l’armée pakistanaise ont démenti cette affirmation.

Imran Khan a été inculpé en octobre, en vertu de la loi sur les secrets officiels, qui date de l’époque coloniale. Le procès s’est tenu au sein de la prison d’Adiala, en présence seulement de ses avocats, de quelques proches et de rares journalistes. Le PTI a dénoncé «un simulacre de justice» et annoncé son intention de faire appel. 
Un avocat du PTI, Salman Safdar, a affirmé que l’équipe légale d’Imran Khan n’a pas été autorisée à l’assister pendant toute la durée du procès. 

Imran Khan, un ancien joueur vedette de cricket arrivé au pouvoir en 2018, a été évincé par une motion de censure en avril 2022, après avoir perdu le soutien de la toute puissante armée, selon les analystes. Il accuse depuis l’establishment militaire d’être à l’origine de ses ennuis judiciaires et de vouloir l’empêcher de reprendre la tête du pays. Il jouit toujours d’une forte popularité, mais sa campagne de défiance à l’égard de l’armée a été suivie d’un sévère retour de bâton. 

Son arrestation en mai dernier a provoqué l’ire de ses partisans, qui ont déclenché de violentes manifestations. Les autorités ont répliqué en arrêtant massivement sympathisants et dirigeants du PTI. 

La condamnation d’Imran Khan a été rapportée hier par les médias locaux, mais la télévision d’Etat, appliquant les officieuses mesures de censure à son égard, a veillé à ne pas utiliser son nom. La Ligue musulmane du Pakistan (PML-N) de l’ancien Premier ministre Nawaz Sharif, qui a été trois fois chef de gouvernement sans jamais achever aucun de ses mandats, est le favori des élections, lesquelles devaient initialement avoir lieu en novembre. Nawaz Sharif est rentré au Pakistan en octobre après quatre ans d’exil à Londres. 

Certains analystes politiques estiment qu’il a passé un accord avec les militaires, qu’il accusait il y a encore peu de l’avoir évincé du pouvoir en 2017 pour favoriser la victoire électorale d’Imran Khan un an plus tard.

L’armée a été au pouvoir pendant près de la moitié des 75 ans d’existence du pays et continue à exercer une influence politique considérable.

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