L’ex-Premier ministre pakistanais Imran Khan a été arrêté hier après avoir été condamné pour «corruption» à trois ans d’emprisonnement concernant une affaire de cadeaux reçus alors qu’il était en fonction, rapporte l’AFP, citant un média. «Le juge Humayun Dilawar a annoncé que l’implication dans des pratiques de corruption a été prouvée», a déclaré la télévision pakistanaise.
Son arrestation a été confirmée par l’entourage de l’actuel Premier ministre, Shehbaz Sharif. Toute personne condamnée pour une infraction pénale est généralement exclue des élections ou de l’exercice d’une fonction. L’ancien chef de l’Exécutif estime que le gouvernement cherche à l’écarter des élections nationales prévues d’ici à la fin de l’année. Imran Khan, chassé du pouvoir par une motion de censure en avril 2022, n’était pas présent à l’audience, mais a été arrêté aussitôt après à son domicile de Lahore par la police. Il est en route pour la prison de Rawlpindi, une ville de garnison voisine de la capitale Islamabad, selon son équipe.
Dans une vidéo enregistrée avant son arrestation et diffusée samedi sur les réseaux sociaux, l’ex-Premier ministre, ancienne star de cricket reconvertie dans la politique, a exhorté ses partisans à «protester pacifiquement». «Je n’ai qu’une demande et un appel à formuler: ne restez pas silencieux chez vous ». «Il s’agit d’une guerre pour la justice, pour vos droits, pour votre liberté... Les chaînes ne tombent pas d’elles-mêmes, il faut les briser. Vous devez continuer à protester pacifiquement jusqu’à ce que vous obteniez vos droits », y déclare-t-il.
Les images de l’homme politique ou même la mention de son nom n’ont pas le droit d’être diffusées à la télévision, mais Khan s’est tourné vers les réseaux sociaux pour atteindre ses millions de partisans. «Un voleur a été arrêté aujourd’hui», a déclaré samedi à la presse la porte-parole du gouvernement, Marriyum Aurangzeb.
Imran Khan est notamment accusé d’avoir reçu, lorsqu’il était au pouvoir, des cadeaux dont il a sous-estimé la valeur avant de les revendre. Jusqu’ici leader du parti Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI), il fait l’objet de plus de 150 poursuites judiciaires depuis son éviction du pouvoir. Un porte-parole du PTI a déclaré que le parti serait dirigé par son vice-président et ancien ministre des Affaires étrangères, Shah Mehmood Qureshi. Ce n’est pas la première fois que M. Khan est arrêté. Le 9 mai, il a été placé sous écrou pour corruption, puis remis en liberté trois jours plus tard.
A la suite de sa libération, le PTI a été la cible d’une campagne de répression avec des milliers d’arrestations, des actes d’intimidation et le musellement de la presse. Le Parlement sera probablement dissous à l’issue de son mandat dans les deux prochaines semaines, les élections nationales devant se tenir à la mi-novembre ou plus tôt. Imran Khan a accédé au pouvoir en 2018 grâce à une vague de soutien populaire, à un manifeste anticorruption et au soutien de la puissante armée pakistanaise. Après son éviction, il a critiqué l’armée.
Il a plusieurs fois accusé un officier supérieur d’avoir comploté pour l’assassiner en novembre lors d’un meeting électoral, où il avait été blessé par balle à une jambe. Les critiques directes à l’encontre de l’armée sont rares au Pakistan, car considérées comme une ligne rouge à ne pas dépasser, au risque de se retrouver dans le viseur de l’appareil sécuritaire.