Paru aux éditions Anep en janvier 2023, le livre de Mohand-Tahar Zeggagh retrace le combat de l’Algérie en lutte pour son indépendance sur le front diplomatique. L’auteur est un témoin et acteur de l’épopée de la guerre de Libération nationale. Il a connu les geôles de l’occupant, en France de 1957 à 1962. Son militantisme en tant que membre de la Zone autonome d’Alger lui donne le recul et la «légitimité» historique pour interroger l’histoire de l’Algérie sur les pages glorieuses écrites en lettres d’or et de sang par la diplomatie algérienne, avec son regard d’intellectuel diplômé de grandes écoles en sciences sociales, de Moscou et de la Sorbonne. Le rôle de la diplomatie algérienne durant la guerre de Libération nationale, voire même avant, est parfois placé au second plan dans la vision stratégique de la Révolution algérienne. Le peu de diplomates représentant la Révolution de Novembre 1954 dans les capitales étrangères, des cadres jeunes ayant déserté les bancs de l’université pour se mettre au service de la patrie remplissaient merveilleusement leur mission, avec dévouement et compétence.au Caire, à Amman, Washington, Tunis, en Suisse et ailleurs. L’auteur remonte jusqu’aux sources de la diplomatie de la Révolution algérienne pour cerner son évolution, les péripéties historiques et les victoires qui ont marqué le combat de l’appareil diplomatique, porte-voix de la Révolution pour l’externalisation de la lutte pour l’indépendance nationale. Pour l’ancien membre de la zone autonome, la première étape débute, historiquement, avec les actions militantes entreprises par la diaspora algérienne en France entre 1925 et 1954. L’auteur introduit le lecteur dans le maquis généalogique de la lutte de Libération nationale qui s’inscrivait dans un mouvement plus large de l’indépendance des peuples en lutte pour leur indépendance. D’où le vaste élan de soutien et de sympathie suscité à travers le monde pour cette révolution qui fut un modèle de sacrifice, d’organisation politique et en stratégie militaire, enseigné aujourd’hui, dans de grandes écoles de guerre à l’étranger, y compris aux Etats-Unis d’Amérique. Pour l’auteur, cette première étape de la révolution entre 1925 et 1954 se décline comme une phase d’incubation destinée à former les cadres, l’élite diplomatique qui devait prendre en main les leviers de l’appareil diplomatique de la Révolution algérienne. A cette phase succède, à partir de 1954, le temps de la lutte armée autour de laquelle vont s’articuler toutes les actions de soutien, au plan interne et externe, pour renforcer le combat libérateur. Le rayonnement de la diplomatie algérienne qui a culminé avec l’inscription de la question algérienne à l’Assemblée générale de l’ONU a apporté un souffle nouveau à la Révolution à un moment crucial de son évolution, au même titre que la mise en place des institutions de la Révolution. Le livre retrace le parcours de l’action diplomatique algérienne au sein de l’émigration algérienne et met en lumière les premiers contacts avec les mouvements politiques favorables à l’indépendance nationale. Plus qu’un livre d’histoire événementiel, l’intérêt mémoriel de l’œuvre de Mohand Tahar Zeggagh réside, également, dans l’annuaire bibliographique des diplomates algériens qui accompagne le récit national. Le lecteur pourra revisiter les différentes dates contextualisées des négociations entre le FLN et la France coloniale sous la conduite du Gouvernement provisoire de la Révolution algérienne (GPRA). La bataille politico-diplomatique de Mohand Tahar Zeggagh se décline comme un livre hommage qui met le curseur sur le rôle d’éclaireur de la conscience internationale joué par la diplomatie algérienne pour briser le mur du silence et de l’enfermement dans lequel la France coloniale avait tenté de maintenir la Révolution algérienne présentée à l’opinion internationale comme un problème interne à la France et les moudjahidine comme des bandes de hors-la-loi. T. L.
Ouvrage de Mohand-Tahar Zeggagh : Le rôle de la diplomatie algérienne pour l’indépendance
