Ouverture hier de la COP27 à Charm El Cheikh (égypte) : La planète, par pertes et profits

07/11/2022 mis à jour: 10:55
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La Conférence des Nations unies sur le réchauffement climatique COP27 s’est ouverte hier dans la station balnéaire de Charm El Cheikh, en Egypte, avec l’objectif de dresser un bilan d’étape de ce qui a été réalisé et ce qui ne l’a pas été, ou peu ou prou, depuis l’Accord de Paris sur le climat. Il s’agira également, au cours de cette nouvelle messe mondiale du climat, pour les délégations venues de près de 200 pays, dont l’Algérie représentée par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, de faire le point des décisions et engagements pris par les Etats signataires de la Convention des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) lors de la dernière COP26 de Glasgow. A cet égard, on annonce, avec un certain soulagement mêlé de réalisme, que le plaidoyer des pays du Sud fait lors de la dernière COP26 interpellant les pays riches, industrialisés, responsables dans une large mesure de la dégradation de la planète, en vue d’indemniser les «pertes et dommages» subis suite aux changements climatiques  est inscrit à l’ordre du jour du Sommet de Charm El Cheikh. C’est une bonne nouvelle pour tous ces pays de l’hémisphère sud qui comptent leurs morts face aux aléas climatiques, devenus incontrôlables, suite au dérèglement de la planète, au moment où les pays argentés négocient au rabais leur contribution financière pour venir en aide aux populations meurtries, menacées dans leur existence.  Mais il ne faut pas, pour autant, pavoiser et crier victoire pour déduire que la cause est entendue. Il faudra attendre la fin du sommet pour voir dans quel sens soufflera le vent. D’autant que les pays riches s’étaient donnés, jusqu’à fin 2024, pour trancher ce débat dont ils se seraient bien passés, eux qui considèrent avoir suffisamment payé leur part du feu, à travers les mécanismes d’aide aux programmes d’adaptation, d’atténuation et de financement mis en place par l’Accord de Paris, au titre de la lutte contre le réchauffement climatique. Sauf que, cette générosité proclamée n’a pas été suivie d’effet, quand on sait que le montant de 100 milliards de dollars par an promis pour soutenir les programmes d’adaptation aux changements climatiques au profit des pays pauvres a été distribué avec parcimonie suspecte aux bénéficiaires, plafonnant à 83 milliards de dollars en 2020, un chiffre contesté par les pays pour lesquels est destinée l’aide. Comparée à l’ampleur des pertes et dommages subis des suites des inondations, méga-incendies, remontée des eaux et autres phénomènes naturels violents devenus le lot quotidien de la vie sur la planète Terre, l’obole versée par les pays riches ne compense même pas le deuil des victimes du déchainement de la nature. Selon les experts, la facture des dommages que devront supporter les pays du Sud oscillerait entre 290 à 580 milliards de dollars par an en 2030 et de 1000 à 1800 milliards en 2050. Il n’y a rien d’étonnant donc de voir les pays nantis freiner des quatre fers quand on les y invite à passer à la caisse pour s’acquitter de leurs dettes pour les atteintes à l’équilibre de la planète et pour les pertes humaines occasionnées.  Pourtant, il est établi, selon les experts, que les pays les plus riches de la planète du G20 sont responsables à hauteur de 80% des émissions de gaz à effet de serre.  Ni responsables ni coupables : cette posture, figée, adoptée par les pays riches, gros émetteurs de gaz à effet de serre depuis le lancement de la réflexion sur les changements climatiques dans le cadre de la Conférence des Nations unies sur le climat n’a pas aidé les négociations à franchir des pas notables dans le sens d’un compromis juste qui ne se fasse pas sur le dos des pays vulnérables et faibles. Que peuvent alors les organisations régionales, telles que l’Union africaine, la Ligue arabe, pour rester dans notre aire géographique, présents cette fois-ci encore à la COP27 avec des cahiers de doléances documentées,  les agences onusiennes mobilisées dans le cadre du plan mondial climat, pour faire entendre leur voix dans ce dialogue sur le climat qui rappelle d’autres dialogues, comme celui qui a cours actuellement sur l’énergie avec ses surenchères, menaces, alliances et mésalliances avec, au bout, toujours les mêmes qui tirent les marrons du feu. 


 

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