Le 16e congrès du Front Polisario s’est ouvert, hier dans la wilaya de Dakhla, dans les camps de réfugiés sahraouis de Tindouf, en présence de plus de 2000 délégués sahraouis représentants la société civile et les institutions sahraouies dans les camps de réfugiés, dans les territoires sahraouis occupés par le Maroc ainsi que la diaspora sahraouie. Plus de 300 invités étrangers issus des comités de soutien à la cause sahraouie prennent part, également, à cet important événement qui s’étalera sur cinq jours. Le contexte géopolitique particulier régional et international dans lequel se déroule ce congrès, après la reprise des hostilités entre l’Armée de libération sahraouie et les forces d’occupation marocaine, suite à l’attaque en 2020 du point de passage de Guergarate, par les forces marocaines, et la normalisation des relations diplomatique entre Rabat et l’entité sioniste, préfigurent des décisions importantes pour la consolidation de la lutte du peuple sahraouie dans la voie de l’autodétermination et de l’indépendance. Tant au plan organique et institutionnel que diplomatique et militaire. La cause sahraouie marque des points précieux, avec la multiplication des décisions de reconnaissances enregistrées en Afrique et en Amérique latine, la Colombie et le Soudan du Sud sont venus allonger la liste des Etats reconnaissant la République arabes sahraouie démocratique. Par ailleurs, les succès remportés par l’Armée de libération sahraouie sur le terrain militaire où les positions marocaine situées le long du mur de sable longeant la frontière du territoire sahraoui avec l’Algérie sont soumises régulièrement à un intense pilonnage causant d’importantes pertes dans les rangs marocains et les installations militaires ont démontré que les combattants sahraouis ont la maîtrise du terrain et l’initiative du combat et des opérations militaires. Les attaques aux drones contre les populations civiles et les convoyeurs de marchandises sur la bande frontalière entre le territoire sahraoui occupé et la Mauritanie, occasionnant la perte de vies humaines, renseignent sur le degré d’escalade du conflit qui impose au commandement militaire sahraoui de s’adapter aux nouvelles réalités militaires sur le terrain nées de l’introduction de matériel de guerre sophistiqué généreusement mis par l’entité sioniste à la disposition des forces marocaines.
Pour autant, cette supériorité en armement du Maroc qui a vu son budget militaire exploser depuis le rapprochement avec Israël, qui a trouvé dans le conflit marocco-sahraoui un débouché de choix pour son industrie militaire depuis la reprise de la guerre dans la région n’a pas changé le rapport de force militaire sur la ligne de front est toujours le fait de l’armée de libération sahraouie. Une chose est certaine, c’est que la reprise de la guerre a permis à la cause sahraouie de revenir avec force, à l’avant scène de l’actualité internationale, après avoir été mise sous l'éteignoir, pendant toutes ces années de cessez-le-feu qui ont bénéficié plus à l’occupant marocain qui a intensifié le pillage des richesses naturelles du Sahara occidental tout en consolidant ses parrainages politiques dans son entreprise coloniale en se mettant sous l’aile protectrice de son nouvel allié, Israël. Même si le dossier n’avance pas comme souhaité au niveau de l’instance onusienne où le veto américain et les entraves du Maroc à la mission des envoyés spéciaux du secrétaire général de l’Onu, Antonio Guteress, y compris celui en poste actuellement, M. Stephan De Mistura empêché, lui aussi, d’accomplir librement sa mission dans les territoires sahraouis occupés, le Front Polisario a incontestablement gagné la bataille sur d’autres fronts : diplomatique et au niveau du soutien de l’opinion internationale. En sus des reconnaissances de la République arabe sahraouie démocratique par de nouveaux Etats, la défense des droits légitimes à l’autodétermination du peuple sahraoui et à disposer de ses richesses naturelles trouve de plus en plus un large écho au niveau des ensembles régionaux, continentaux et internationaux. On en veut pour preuve les résolutions successives de ces derniers mois de l’Union européenne qui a fait annuler à travers le Tribunal de l’UE les accords de pêche et d’exportation des produits agricoles du Sahara occidental vers des Etats membres de l’Union européenne au motif que le consentement du peuple sahraoui est requis pour conférer un caractère légal à tout accord dans ce domaine. Le scandale du «Marocogate» qui a mis au jour un réseau de corruption d’eurodéputés à vaste échelle pour acheter les voix et le soutien du Parlement européen à la politique annexionniste du Sahara occidental et au pillage de ses richesses naturelles a donné le coup de grâce au prétendu soutien international et à la légitimité dont se prévalait le Maroc par rapport à la thèse du mirage de la marocanité du Sahara occidental.
L’étau se resserre sur Le Maroc
L’arrêt de la Cour africaine des droits de l’homme sur le Sahara occidental rendu en septembre dernier aura marque un autre tournant important à l’échelle du continent africain, où le royaume du Maroc tente vainement de revenir et de se redéployer en chahutant les travaux et la sérénité de l’organisation panafricaine après l’avoir quittée par la petite porte, dans le déshonneur, en décidant de son retrait de l’UA. Le nouvel arrêt de la Cour africaine des droits de l’homme confirme non seulement le droit légitime du peuple sahraoui à l’autodétermination et à l’indépendance, mais bien plus, menace de poursuites judiciaires contre tout Etat africain qui violerait ce principe. C’est dire que le makhzen est en train de perdre toute les batailles qu’il a engagées et qu’il savait perdues d’avance, car au mépris de la légalité internationale et s’appuyant sur de vils procédés de corruption institutionnelle pour s'allier des soutiens extérieurs, le Maroc fait face à un cinglant désaveu sur tous les fronts. D’abord, à l’intérieur du Maroc où la colère gronde, s’amplifie et s’élargit de jour en jour à tous les secteurs, contre la cherté de la vie et les injustices, mais aussi contre la dénonciation des atteintes aux libertés et aux Droits de l’homme. Ensuite, dans les territoires occupés sahraouis où la mobilisation du peuple sahraoui contre l’occupant et pour l’indépendance ne faiblit pas. Jusqu’à ces marées humaines de défense de la cause sahraouie au niveau de la diaspora sahraouie et des comités de soutien qui battent le pavé dans les capitales étrangères, particulièrement en Espagne, depuis la volte-face du gouvernement espagnol et le soutien à la thèse marocaine de l’autonomie du Sahara occidental. Les congressistes du Polisario auront, au cours de leurs assises, à analyser tous ces développements : politique, diplomatique, militaire, le soutien de l’opinion internationale qui ouvrent des perspectives prometteuses pour impulser un nouvel élan à la lutte du peuple sahraoui en vue de la concrétisation de son indépendance. Il ne fait aucun doute que l’option de la poursuite de l’action militaire sera largement plébiscitée par les congressistes, à défaut de la perspective de la reprise du dialogue entre le Maroc et le Front Polisario qui bute sur le chantage et la fuite en avant de la partie marocaine en dépit de la pleine disponibilité exprimée par les Sahraouis pour une issue politique négociée au conflit. La reconduction, prévisible, au poste de secrétaire général du Front Polisario de Brahim Ghali, bête noire du makhzen, pour ses principes et ses positions intransigeantes en faveur de l’indépendance, a anéanti les derniers espoirs du palais royal et de ses soutiens étrangers qui misent, à chaque rendez-vous politique important des Sahraouis, sur un changement de la direction politique sahraouie qui ne vient pas et ne viendra jamais, en tablant sur des divisions internes factices.