Le décès d’un cinquième béluga en un an au Niagara Falls Aquarium relance les accusations de maltraitance au sein du parc aquatique canadien, déjà au cœur de nombreuses polémiques.
Sous pression des politiques et des défenseurs des animaux, le parc s’efforce de justifier ses pratiques tandis que les appels à sa fermeture se multiplient. Ce dernier décès porte à 17 le nombre de bélugas morts dans ce marineland depuis 2019. Aucune explication officielle n’a été donnée quant aux causes de ces pertes successives, et le silence des autorités n’apaise pas l’indignation générale. Mélanie Milczynski, inspectrice en chef du bien-être animal pour la province de l’Ontario, a cependant assuré à la Canadian Press que «la qualité de l’eau du marineland restait dans les limites acceptables» et que des contrôles hebdomadaires étaient effectués par une unité spécialisée. Depuis que le gouvernement provincial a repris la supervision du bien-être animal en 2020, les inspecteurs se sont rendus 205 fois dans ce parc pour vérifier les conditions de vie des animaux captifs. Mais pour les défenseurs des droits des animaux, ce rythme d’inspection est insuffisant au vu du nombre de décès. En octobre dernier, l’organisation Urgent Seas, cofondée par Phil Demers, ancien dresseur de morses au parc, avait diffusé des images de drones montrant des vétérinaires administrant des traitements d’urgence à un béluga malade. « Je ne sais vraiment pas combien de jours il lui reste, confiait-il alors au Guardian, évoquant des efforts désespérés. Voir ça, c’est absolument déchirant. Ça vous tue de l’intérieur.»
Le marineland se défend face aux critiques
Détenant la plus grande population de bélugas captifs au monde, le Niagara Falls Aquarium se défend en affirmant que la mort de certains animaux est «un phénomène naturel». Dans une déclaration faite au Guardian, le parc a précisé que ses spécialistes «prennent soin des animaux lorsqu’ils sont malades et font tout leur possible pour les sauver». Malgré cette défense, la réputation du marineland avait déjà été entachée en août dernier, lorsqu’il a été condamné à une amende de près de 85 000 dollars canadiens (57 000 euros) pour mauvais traitement de ses ours noirs captifs, en violation des lois provinciales de protection animale.
Ce nouveau décès a aussi provoqué des réactions enflammées sur la scène politique. Marit Stiles, cheffe du Nouveau Parti démocratique (NPD) de l’Ontario, a qualifié la situation de «scandaleuse» et s’est engagée à fermer les lieux si elle devenait Première ministre. Bonnie Crombie, cheffe du Parti libéral de l’Ontario, a pour sa part déploré le manque de «responsabilité» de la part du parc, évoquant le bien-être de ces « magnifiques mammifères» détenus dans des conditions de plus en plus critiquées. Pour Phil Demers, la série de décès de bélugas est révélatrice d’un échec des autorités à protéger les animaux captifs. «Cela fait plus d’une décennie que nous alertons le public sur le fait que les baleines du marineland mourraient en masse à moins qu’une intervention n’améliore leurs conditions de vie, a-t-il déclaré au Guardian. Il semble maintenant que le gouvernement protège le parc. Il est difficile de faire confiance aux institutions lorsqu’elles échouent continuellement.»
Le Niagara Falls Aquarium est aujourd’hui le dernier parc aquatique au Canada à détenir des cétacés en captivité. L’an dernier, la mort de Kiska, surnommée « l’orque la plus solitaire du monde» après avoir passé plus de quarante ans en isolement, avait déjà secoué l’opinion publique. Cette orque, décédée d’une infection bactérienne, n’avait pas croisé d’autres membres de son espèce depuis plus d’une décennie, illustrant ainsi l’isolement et les conditions de captivité qui suscitent la controverse.