Nouvel an en France : Fausse note pour la complainte islamiste de Gims

08/01/2022 mis à jour: 04:24
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Après la chanteuse Diams qui en 2016 avait tourné le dos à son succès en mettant le voile, le chanteur Gims a été très critiqué pour avoir fustigé la fête de Nouvel An au nom de l’islam.

Gims, qui s’appelait jadis Maître Gims, a demandé sur les réseaux sociaux aux musulmans d’arrêter de lui souhaiter une bonne année, au nom de sa religion musulmane.

Aussitôt l’information a été largement relayée par tous les «posteurs» divers et variés appointant à l’extrême-droite. En cette période de campagne présidentielle, c’était un cadeau pour les extrémistes, en ces temps où les outrances racistes sont courantes depuis que la parole de Zemmour s’est librement répandue dans les médias.

Qu’a donc dit Gims ? Il ne s’adressait pas à tous ses fans mais exclusivement à ses abonnés, en y distinguant ses «frères» en religion alors que son public est si divers, créant une cassure sociologique dont les musulmans se seraient bien passés.

Selon Chems-Eddine Hafiz, recteur de la Grande Mosquée de Paris, sur le droit de fêter, «bien évidemment que la réponse est affirmative. Il s’agit de partager un moment de joie et de bonheur. Cette fraternité humaine ne peut être remise en cause. Il s’agit pour les musulmans de partager des valeurs humaines avec ses concitoyens sans remettre en cause leur foi», dit-il au Parisien.

Interrogé par BFMTV, Tareq Oubrou, grand imam de la mosquée de Bordeaux, explique : «Monsieur Gims a le droit de ne pas aimer qu’on lui souhaite bonne année, ni même une bonne journée, mais de là à engager tous les musulmans et l’islam c’est une autre affaire. Il n’en a pas la légitimité, et qu’il reste dans le domaine qu’il maîtrise, et qu’il laisse le droit canonique et la théologie aux gens qui sont compétents. De tout temps l’islam a su intégrer les codes culturels de politesse, de vivre ensemble».

«Il fait référence à des compagnons du Prophète, comme si ses compagnons dansaient avec des femmes dans des clips comme il le fait lui. On ne peut pas convoquer les compagnons et la tradition quand cela nous arrange, et quand cela ne nous arrange pas on fait ce qu’on veut, un peu de cohérence ! Personnellement, je pense que ce discours n’est pas fanatique, mais il inspire le fanatisme et le séparatisme. C’est un embryon de séparatisme, ça commence par l’ordre du détail et finit par la violence. Il faut éviter ce genre de discours et ces conseils qui ne sont pas fondés.»

Quand au Conseil français du culte musulman (CFCM), il renvoie simplement à ses vœux au début de l’année par son président Mohamed Moussaoui : «A l’occasion de la nouvelle année 2022, le CFCM adresse à tous nos concitoyens ses meilleurs vœux de bonheur, de santé, de paix et de prospérité.»

Les propos de Gims avaient de quoi choquer alors que la fête de la nouvelle année n’a rien de religieux, a contrario de Noël : «S’il vous plaît, laissez-moi avec les avec les “bonne année”, avait-il dit sur Instagram. “Nouvel an”, laissez-moi, vous savez bien que je n’ai jamais répondu à ça, et vous continuez à m’en envoyer jusqu’en janvier, février», dit-il, regrettant que des musulmans lui souhaitent la bonne année : «En plus, les muslims, on a la même conviction, arrêtez avec cela. Ce sont des muslims qui m’envoient ça, la plupart du temps. Les frères, ne faites pas ça.»

Il continue sur la célébration des anniversaires. «Laissez, je souffre avec ça, ne faites pas ça, parce que c’est comme ça». «C’est un pas de plus vers la mort. Donc, ça ne fait pas partie de nos convictions. Venez, on se concentre sur nos trucs à nous. Ce n’est pas méchant. Mais restons forts sur nos valeurs.» Gims est l’une des plus belles voix de la scène musicale française et plus belle figure de la diversité à la française.

Le chanteur d’origine congolaise a même compté parmi les personnalités préférées des Français, selon les sondages d’opinion. Il risque fort de devenir l’un des plus détestés. Qu’est-ce qui a poussé cet artiste reconnu à tomber dans l’outrance à l’occasion de la nouvelle année, au nom d’une vision passéiste et archaïque de l’islam ? 

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