La médaille sera reçue par les coprésidents de l’association qui œuvre pour une planète débarrassée de ces armes. Les bombardements américains sur ces deux villes japonaises, les 6 et 9 août 1945, ont fait 214.000 morts.
Le Nobel de la paix a été décerné mardi au Nihon Hidankyo, un groupe japonais de survivants de la bombe atomique, en reconnaissance de son combat contre les armes nucléaires, une menace redevenue d'actualité près de 80 ans après les bombardements de Hiroshima et Nagasaki. La récompense a été remise aux trois coprésidents de l'association lors d'une cérémonie à l'hôtel de ville d'Oslo, alors que des États comme la Russie brandissent la menace de recourir à ces armes.
Terumi Tanaka, l’un des coprésidents âgé de 92 ans, a rappelé lors d’une conférence de presse que « les armes nucléaires et l’humanité ne peuvent pas coexister » et a mis en garde contre leur potentiel destructeur, pouvant anéantir l’humanité avant même les effets du changement climatique. Nihon Hidankyo s’appuie sur les témoignages des « hibakusha », les survivants des bombardements de 1945, pour sensibiliser à la nécessité d’un monde sans armes nucléaires. Ces attaques américaines sur Hiroshima et Nagasaki avaient fait environ 214 000 morts, précipitant la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Terumi Tanaka, qui avait 13 ans lors du bombardement de Nagasaki, a perdu cinq membres de sa famille dans l’attaque. Il a dénoncé la résurgence de la menace nucléaire, notamment les déclarations du président russe Vladimir Poutine dans le cadre du conflit en Ukraine. Il a exhorté ce dernier à comprendre les conséquences humaines des armes nucléaires, affirmant qu’il semblait ne pas mesurer leur horreur.
Poutine a récemment modifié les conditions de recours à ces armes et, le 21 novembre, un missile balistique conçu pour les transporter a été utilisé par la Russie pour frapper une ville ukrainienne, bien qu’il n’ait pas été armé d’une charge nucléaire. Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères, a réitéré que la Russie était prête à utiliser « tous les moyens » pour sa défense. Jørgen Watne Frydnes, président du comité Nobel, a insisté sur l’importance de maintenir le tabou moral entourant l’usage de ces armes et d’éviter toute banalisation de leur menace.
Outre la Russie, d’autres États comme la Corée du Nord et l’Iran sont également pointés du doigt pour leur rôle dans l’escalade des tensions nucléaires. Aujourd’hui, neuf pays possèdent l’arme atomique : États-Unis, Russie, France, Royaume-Uni, Chine, Inde, Pakistan, Corée du Nord et, de manière non officielle, Israël. En 2017, 122 gouvernements avaient adopté un traité historique pour l’interdiction des armes nucléaires à l’ONU, mais aucun des États nucléaires n’y a adhéré, limitant ainsi son impact.
Dans la même journée, les Nobel des autres disciplines (littérature, chimie, médecine, physique et économie) ont été remis à Stockholm en présence du roi de Suède, Carl XVI Gustaf.