Nigeria : Manifestation des syndicats contre le coût de la vie

03/08/2023 mis à jour: 09:27
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Des milliers de travailleurs nigérians ont manifesté hier dans plusieurs grandes villes du Nigeria pour protester contre une inflation galopante provoquée par la décision du nouveau président Bola Tinubu de mettre fin aux subventions sur les carburants, rapporte l’AFP.   
 

Les deux principaux syndicats de travailleurs, le Nigerian Labour Congress (NLC) et le Trade Union Congress (TUC) ont appelé la veille à une manifestation nationale, après l’échec des négociations en vue de parvenir à un accord avec le gouvernement sur une hausse des salaires et le maintien des subventions. 
 

Le 29 mai, au moment de son investiture à la tête du pays le plus peuplé d’Afrique, le président Bola Tinubu a supprimé les subventions sur le carburant, ce qui a eu pour effet de quadrupler le prix de l’essence et entraîné une forte hausse des prix des denrées alimentaires. Dans la capitale Abuja, des centaines de manifestants ont défilé en brandissant des pancartes sur lesquelles était écrit «laissez les pauvres respirer» ou «tuez la corruption, pas les subventions». Plus de cent d’entre eux, accompagnés de policiers, sont entrés dans le calme dans la cour du Parlement où des sénateurs ont écouté leurs demandes.
 

Cette manifestation a été maintenue en dépit de l’annonce par le président Tinubu, lundi dans une allocution télévisée, d’une série de mesures destinées à atténuer l’impact de la suppression des subventions sur le coût de la vie des Nigérians. La police a appelé mardi à un rassemblement pacifique, exhortant les syndicats à empêcher les voyous et les fauteurs de troubles de détourner la manifestation. 
 

A Abuja, la plupart des entreprises, des bureaux du gouvernement et des marchés étaient fermés mercredi. Seuls quelques véhicules circulaient tandis que les contestataires se dirigeaient vers le centre-ville. Dans les autres grandes villes du Nigeria, des manifestations, qui réunissaient plusieurs centaines de travailleurs se déroulaient également. La plupart des entreprises et des marchés de Lagos, la capitale économique, étaient ouverts mais certaines banques commerciales avaient fermé leurs portes. Dans les Etats d’Abia, d’Ebonyi et de Cross river (sud-est), les travailleurs en grève sont descendus dans les rues et se sont présentés aux bureaux des autorités locales pour faire part de leurs revendications. 
 

Depuis 2016, le Nigeria fait face à une grave crise économique qui s’est aggravée avec la pandémie causée par le coronavirus, puis l’offensive russe en Ukraine. Près de la moitié de ses quelque 215 millions d’habitants vit dans l’extrême pauvreté (avec moins de deux dollars par jour) en dépit de ses immenses réserves de pétrole. La croissance est passée de 6,8% en moyenne sur la période 2007-2014 à 1,1% en moyenne sur la période 2015-2021, un niveau bien inférieur à l’accroissement démographique de 2,5% en moyenne par an. La dette publique s’élevait, en 2022, à 28% du PIB (contre 15,6% en 2019). Le service de la dette domestique est source d’inquiétudes et représente 90% des recettes budgétaires.
 

Le pays est aussi  confronté à une situation sécuritaire dégradante marquée notamment par l’insurrection du groupe armé djihadiste Boko Haram, particulièrement présent dans le nord du pays. L’expansion de ce groupe a fortement favorisé la montée de la criminalité due à une pauvreté croissante et les conflits locaux que le gouvernement peine à contenir, tels que les affrontements meurtriers entre les agriculteurs et les éleveurs pour les ressources en eau, et en nourriture.

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