Nigeria : Au moins 16 personnes tuées dans une attaque dans le centre du pays

26/12/2023 mis à jour: 21:15
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Des hommes armés ont tué au moins 16 personnes dimanche lors d’une attaque dans un village du centre du Nigeria, selon un responsable militaire. «Il y a eu un soulèvement après l’incident mais la situation a été maîtrisée», a déclaré le capitaine Oya James, selon des propos recueillis par l’AFP.

L’attaque a eu lieu dans le village de Mushu, dans l’Etat du Plateau, une région en proie depuis plusieurs années à des tensions religieuses et ethniques. «Nous dormions, quand soudain, des coups de feu violents ont retenti. Nous avions peur parce que nous ne nous attendions à aucune attaque», a expliqué Markus Amorudu, un habitant du village. «Les gens se sont cachés mais les assaillants ont capturé un grand nombre d’entre nous, certains ont été tués, d’autres ont été blessés», a-t-il ajouté. Le gouverneur de l’Etat, Caleb Mutfwang, a condamné l’attaque, la qualifiant de «barbare, brutale et injustifiée». 

Des agents de sécurité et des militaires ont été déployés après l’attaque pour surveiller la zone et éviter les troubles à l’ordre public. «Des mesures proactives seront prises par le gouvernement pour freiner les attaques en cours contre des citoyens innocents», a déclaré Gyang Bere, le porte-parole du gouverneur.  

Début juin, des assaillants armés ont tué 30 personnes en attaquant six villages dans le nord-ouest du pays en proie aux violences de bandes criminelles. Arrivés à bord d’une «vingtaine de motos», ces hommes armés ont mené des raids dans le district de Tangaza, dans l’Etat de Sokoto, tuant «huit personnes à Raka, sept à Bilingawa, six à Jaba, quatre à Dabagi, trois à Raka Dutse et deux à Tsalewa», a détaillé le porte-parole de la police de Sokoto, Ahmad Rufai, dans un communiqué. Fin octobre, une attaque menée par des djihadistes affiliés au groupe Etat islamique a fait au moins 17 morts à Kayayya, un village du nord-est du Nigeria. De nombreux combattants du groupe Etat islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP) ont pris d’assaut le village isolé dans l’Etat de Yobe, à 150 km de Damaturu, la capitale de l’Etat, ont indiqué ces sources. L’attaque a été menée en représailles au refus des villageois de payer aux djihadistes une taxe qu’ils exigeaient sur le bétail, a déclaré Abubakar Adamu, un autre membre de la milice qui a donné le même bilan. 

Dans les régions reculées du Nigeria, les miliciens et les groupes armés exigent parfois des «taxes» aux communautés pour exercer leur contrôle et collecter des fonds.  Début décembre, un tir de drone de l’armée a tué au moins 85 civils qui célébraient une fête religieuse musulmane dans le village de Tudun Biri (dans le nord-ouest du pays).  Selon le commissaire à la sécurité de l’Etat, l’armée a déclaré avoir «touché par inadvertance des membres de la communauté» alors qu’elle effectuait une mission de routine contre des rebelles. 

Les militaires n’ont toutefois pas communiqué de bilan. Le président Bola Ahmed Tinubu a ordonné mardi l’ouverture d’une enquête. Dans un communiqué, il a évoqué un événement «très malheureux, troublant et douloureux», et exprimé son indignation et son chagrin. Bola Ahmed Tinubu a fait de la lutte contre l’insécurité l’une de ses priorités depuis son arrivée au pouvoir en mai. 

Des civils ont déjà été victimes des bombardements de l’armée nigériane par le passé. En janvier 2017, au moins 112 personnes ont été tuées lorsqu’un avion de chasse a frappé un camp abritant 40 000 personnes déplacées. L’armée nigériane avait affirmé dans un rapport que le bombardement était dû à «l’absence de marquage approprié de la zone».

Au Nigeria, les habitants des régions du nord-ouest et du centre du pays vivent dans la terreur des attaques des groupes djihadistes et des groupes criminels appelés «bandits», qui pillent les villages et tuent ou enlèvent les habitants.
 

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