Mutations internes et conjoncture politique : Les partis démocratiques à la croisée des chemins

01/06/2022 mis à jour: 23:00
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(photo : D. R.)

Sale temps pour les partis démocratiques. C’est ainsi que peut être qualifiée la situation dans laquelle se trouve actuellement la classe politique de l’opposition, qui évolue, depuis un moment déjà, mais aujourd’hui plus encore, dans un contexte des plus défavorables. 
 

En plus des pressions qu’elles subissent directement de la part du pouvoir, ou indirectement en raison d’une base qui, dans le contexte du hirak, pour ce qui est de certains cas, est devenue de plus en plus radicale, certaines formations politiques font face à un défi d’alternance ou, plus précisément, de passage de témoin entre une génération de cadres dirigeants et une autre. 
 

Pour ce qui est considéré comme étant des pressions politiques, dénoncées d’ailleurs par tous les partis de l’opposition, il n’y a qu’à revenir sur la suspension du Parti socialiste des travailleurs (PST) sur décision du tribunal administratif, suite à une plainte déposée par le ministère de l’Intérieur. L’Union pour le changement et le progrès (UCP) de Zoubida Assoul était également visée par la même plainte mais, finalement, elle a pu avoir gain de cause. 

Il y a également les cas du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) et le Mouvement démocratique et social (MDS) qui ont été destinataires, à maintes reprises pour le premier, de mises en demeure de la part du ministère de l’Intérieur. 

Il leur est reproché, entre autres – c’est le cas notamment pour ce qui du MDS, qui le 26 avril dernier a été destinataire d’un tel courrier –, de mettre leurs locaux à la disposition de la société civile, de militants ou défenseurs des droits de l’homme (le RCD et le MDS ont abrité, par exemple, des réunions du Pacte de l’alternative démocratique ou du Comité pour la libération des détenus). Et c’est exclusivement les partis ayant pris fait et cause pour le hirak qui subissent ces tracas. 
 

A ces «contraintes» s’ajoutent des aléas organiques, en lien aussi, d’une certaine manière, avec la situation politique générale du pays, qui font que la position de quelques-uns de ces partis se complique davantage dans certains cas, ou du moins met une pression supplémentaire sur les directions de ces formations politiques. 

Le Parti des travailleurs a organisé au mois d’avril dernier son congrès. Mais une année auparavant, le parti avait fait face à une tentative de «redressement» vite étouffée par sa secrétaire générale, Louisa Hanoune. 
 

Le RCD avait également connu quelques remous vite maîtrisés. Le fait que son président, Mohcine Belabbas, ait annoncé très tôt sa décision de ne pas briguer un autre mandat à la tête du parti y est probablement pour quelque chose. 

Le RCD ayant été dirigé pendant longtemps par Saïd Sadi, un personnage hautement charismatique pour la base du parti et même au-delà, il était clair que son départ en 2012 n’allait pas se faire sans difficultés. 

Une «transition» sous forme d’un défi grandeur nature pour Belabbas. Le congrès du RCD devrait se tenir dans quelques jours. Les choses sont encore plus compliquées pour le Front des forces socialistes (FFS), cher à Hocine Aït Ahmed, décédé en 2015. 

Le parti, qui a fait face à plusieurs crises depuis le décès de son chef historique, prépare un congrès «rassembleur», censé mettre un terme aux dissensions internes qui refont surface à chaque importante étape, comme ce fut le cas lors des élections locales. 
 

Le plus vieux parti de l’opposition, actuellement dirigé par Youcef Aouchiche, avait pris part à ce rendez-vous électoral dans un contexte extrêmement difficile, avec un environnement plutôt hostile, le mot d’ordre du boycott ayant fait son chemin, notamment en Kabylie, où il dispose d’un grand potentiel, entre autres, dans l’objectif de ne pas laisser «le vide». 

Dans tous les cas de figure, le parti compte beaucoup sur ce prochain congrès, dont la date n’a pas encore été fixée. 
 

En somme, la classe politique de l’opposition est clairement à la croisée des chemins, dans un contexte où tout l’environnement politique est contraignant. 
 

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