Mustapha Hachemane. Représentant de la Fédération nationale de l’hôtellerie et du tourisme : «Nous devons apprendre des expériences des autres»

13/08/2024 mis à jour: 09:22
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Les localités balnéaires de Boumerdès sont très prisées par les estivants. Pourquoi, selon vous ? 
 

Cela s’explique d’abord par le fait que notre wilaya recèle de belles plages. Nous avons une côte qui s’étend sur 100 kilomètres, ce qui constitue un atout majeur pour le tourisme. La position géographique de la wilaya favorise aussi le flux des vacanciers. On vient de partout, parce que les plages sont bien desservies, notamment après l’ouverture de la route reliant la RN5 à la RN24. Il ne faut pas oublier que notre wilaya compte 12 campings qui assurent des prestations de qualité. 


Bien évidemment, cela est insuffisant par rapport à ce qui a été fait à Mostaganem par exemple. Mais ces campings garantissent à eux seuls 50% des capacités d’accueil de notre wilaya. Sauf que les contrats délivrés aux propriétaires ont expiré en 2021 et n’ont jamais été renouvelés. Je fais partie des investisseurs qui attendent des solutions à ce problème. Plusieurs démarches ont été entreprises à cet effet, mais nos requêtes sont restées sans réponse. Tout ce qui a été réalisé a été sur fonds propres. Aucun investisseur n’a contracté un crédit bancaire. L’Etat doit régulariser notre situation, car nous sommes confrontés à une myriade de difficultés.


Quel genre de difficultés ?

La quasi-totalité des campings ne sont pas raccordés au réseau d’assainissement et ils n’ont ni gaz ni internet. Pourtant, c’est le strict minimum qu’on puisse trouver dans un établissement hôtelier. Moi-même, j’ai fait plusieurs demandes à Algérie Télécom. Je n’ai rien obtenu. Le tourisme est un tout. Ce n’est pas les hôtels uniquement. Son essor nécessite l’implication de tous les secteurs. Le touriste souhaite trouver de bonnes routes, des sites historiques, des restaurants de luxe, des loisirs, de la sécurité, des moyens de transport, des produits artisanaux, etc. L’Algérien a beaucoup évolué. Il est devenu très exigeant. 


Les campings dont je vous parle ont presque tous des piscines, des restaurants, des espaces de loisirs et des plages bien aménagées. Les carences citées n’auraient jamais dû se poser si les sites où se trouvent nos établissements étaient viabilisés. Celui qui a créé l’AAPI et la plate-forme de l’investisseur a rendu un énorme service au pays. 


Quand le terrain n’est pas viabilisé, il ne doit pas être attribué à l’investisseur. Ce dernier n’a pas à s’occuper des réseaux d’assainissement, d’AEP ou autre. L’Etat doit aussi réformer son système bancaire. Les banques exigent le remboursement des crédits dans un délai de sept ans. Aucun ne peut le faire car l’investissement dans le tourisme nécessite beaucoup de fonds. Il y a des efforts à faire aussi en termes de formation. L’hôtellerie est une science et nous devons apprendre des expériences des autres. 


Plusieurs hôteliers émettent aussi des réserves quant aux modalités de concession des plages. Qu'en pensez-vous?
Cette année, la concession des plages à Boumerdès s’est faite dans l’anarchie totale. Les propriétaires des établissements hôteliers n’ont pas été favorisés comme le prétendent certains. Les plages jouxtant les complexes et les campings ne doivent pas être soumises au régime d’adjudication. Il y a des hôteliers qui ont été lésés par ce mode de concession. Les frais d’exploitation de ces espaces par les structures hôtelières peuvent être fixés préalablement par la Direction des domaines. Cela doit être fait avant le début de la saison estivale pour leur permettre d’aménager ces sites et les doter de commodités nécessaires. Nous, par exemple, avons dépensé 200 millions dans les travaux d’aménagement de la plage. Et nous payons 30 millions par mois à la trésorerie.


Comment expliquer la hausse des prix pratiqués par les hôteliers ?

Les prix obéissent à la règle de l’offre et de la demande. Pour baisser les tarifs, il faut encourager les investissements et augmenter le nombre de structures hôtelières. Beaucoup oublient que les établissements bordant la mer travaillent deux ou trois mois sur l’année et ont des frais et des charges. Moi, par exemple, la facture d’électricité du mois d’août dépasse 500 000 DA. J’ai plus de 60 employés en haute saison. 
Le cuisiner touche 150 000 DA. Et avec toutes ces charges, cette année on a fait des réductions de 4000 DA pour nos clients. En sus du petit déjeuner, ils ont un accès gratuit à la piscine et à la plage.


Qu’en est-il de l’investissement touristique dans la wilaya ?

Je n’ai pas beaucoup d’informations à ce sujet. Je sais qu’il y a beaucoup de projets en cours de réalisation et d’autres qui sont en souffrance. Il y a des carcasses d’hôtels à l’arrêt aussi bien à Dellys, qu’à Boumerdès ou Figuier. A Zemmouri, je connais des investisseurs qui ont bénéficié de terrains, mais ils butent sur d’énormes contraintes. Ils ne peuvent même pas les clôturer. C’est pourquoi nous saluons la création de l’AAPI. Mais la relance des investissements touristiques passe par l’aménagement des ZET. Le gouvernement a annoncé récemment la révision des plans d’aménagement touristique. Gageons que cela se concrétise dans les meilleurs délais.

 

Propos recueillis par Ramdane Kebbabi
 

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