Mouvements de troupes pro-Haftar : L’ONU demande une «désescalade»

10/08/2024 mis à jour: 10:34
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Le maréchal Khalifa Haftar, à Benghazi

La mission de l’ONU en Libye a appelé hier à «une désescalade» et à «éviter d’autres tensions», après des mouvements de troupes du camp Haftar en direction d’une zone du sud-ouest du pays divisé, contrôlée par le gouvernement rival basé à Tripoli, rapporte l’AFP.


La Manul a appelé dans un communiqué «toutes les parties en présence à faire preuve de la plus grande retenue et à éviter toute action militaire provocatrice qui pourrait mettre en péril la stabilité fragile de la Libye et la sécurité de sa population».


L’état-major des forces du Gouvernement d’union nationale (GNU), basé à Tripoli (ouest), a annoncé jeudi avoir mis ses unités «en état d’alerte», leur ordonnant d’être «prêtes à repousser toute éventuelle attaque». 


Selon les médias locaux et des analystes, l’objectif des troupes pro-Haftar est la prise de l’aéroport de Ghadamès, à 650 km au sud-ouest de la capitale, actuellement sous contrôle des autorités de Tripoli. 

Les forces que dirige Saddam Haftar, fils du maréchal Haftar, ont annoncé mardi par communiqué une «opération globale» visant officiellement à «sécuriser les frontières sud du pays et à renforcer la stabilité du pays dans ces zones stratégiques», ainsi que le « déploiement de patrouilles (…) pour surveiller la bande frontalière avec les pays voisins».

Mais le Haut Conseil d’Etat (HCE), basé à Tripoli et qui fait office de Sénat, a réagi jeudi disant «suivre avec grande inquiétude les mobilisations militaires des forces de Haftar dans le Sud-Ouest, visant clairement à renforcer son influence et «étendre son contrôle» sur ces «zones stratégiques», à la frontière entre la Libye, la Tunisie et l’Algérie. «Ces mouvements sont susceptibles de nous renvoyer aux affrontements armés et sont une menace directe pour le cessez-le-feu» de 2020, sapant tout «effort visant à réunifier l’institution militaire » et pouvant causer «l’effondrement du processus politique», a indiqué le HCE dans un communiqué.
 

Raison sécuritaire

Dans une vidéo vendredi sur leur page officielle, les forces pro-Haftar n’ont pas mentionné Ghadamès, assurant vouloir uniquement «sécuriser» sept villes du Sud, déjà sous contrôle de l’Est.

La Libye est bordée par le Soudan au sud-est, le Tchad au sud, le Niger au sud-ouest, l’Algérie à l’ouest et la Tunisie au nord-ouest.


Minée par les divisions depuis la chute et la mort de Mouammar El Gueddafi en 2011, la Libye est gouvernée par deux exécutifs rivaux : l’un à Tripoli (ouest) dirigé par Abdelhamid Dbeibah, l’autre dans l’est, affilié au maréchal Haftar.

Ce dernier, avec le soutien militaire d’alliés étrangers (Russie, Egypte et Emirats arabes unis), a lancé une offensive brutale d’avril 2019 à juin 2020 pour s’emparer de Tripoli. Il a été stoppé in extrémis en périphérie de la capitale par les forces du GNU, appuyées par la Turquie.

Même si les querelles politiques dégénèrent fréquemment en affrontements meurtriers entre groupes armés, le cessez-le-feu signé en octobre 2020 après la déconvenue Haftar est largement respecté. 

Le maréchal a récemment propulsé son cadet à la tête de ses forces terrestres, dernière en date d’une série de promotions de ses fils renforçant l’emprise du clan sur la Cyrénaïque, au risque de perpétuer la division du pays. Le général Saddam Haftar, 33 ans, a pris début juin ses fonctions de chef d’état-major de l’armée de terre au sein des Forces armées arabes libyennes (LAAF) commandées par son père.

Avant Saddam Haftar, son frère Khaled a été nommé en juillet 2023 chef d’état-major des «unités de sécurité» au sein des LAAF et promu au rang de général de division.


Et en février 2024, un autre des six fils de Haftar, Belgacem, avait pris les rênes du «Fonds de développement et de reconstruction de Libye» nouvellement créé, avec d’importants moyens à sa disposition.

 Des élections censées unifier le pays étaient prévues en décembre 2021 avant d’être reportées sine die. L’organisation de l’élection présidentielle bute depuis notamment sur le refus du camp de l’Ouest d’autoriser un militaire et un binational à se présenter, en l’occurrence le maréchal Haftar, citoyen libyen et américain. 

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