La Mostra de Venise a envoyé samedi un message de solidarité avec les migrants lors de son palmarès, décernant trois de ses prix à des films centrés sur les drames liés à la crise migratoire.
Le jury présidé par le réalisateur américain Damien Chazelle (La La Land) a décerné son prix spécial à Green Border, un film choc de la réalisatrice polonaise Agnieszka Holland sur le sort de migrants ballottés entre la Pologne et le Bélarus en 2021.
«Nous dédions ce prix aux activistes» qui aident les migrants «de la Pologne à Lampedusa», la petite île italienne où arrivent au péril de leur vie de nombreux migrants venus d’Afrique, a dit la réalisatrice de 74 ans en recevant son prix. Son film montre des gardes-frontières, des humanitaires et des migrants pris dans un jeu diplomatique qui les dépasse entre le Bélarus et l’Union européenne.
«Depuis 2014, quand la crise des réfugiés a commencé, environ 66 000 sont morts en essayant de venir en Europe», a déploré la cinéaste, l’une des grandes voix du cinéma polonais, nommée plusieurs fois aux Oscars.
«Et alors que nous sommes assis ici, la situation décrite dans mon film continue, les gens se cachent encore dans la forêt, privés de leur dignité, de leurs droits humains et de sécurité, et certains d’entre eux mourront ici en Europe, pas parce que nous n’avons pas les ressources pour les aider, mais parce que ne nous ne voulons pas», a-t-elle fustigé, déclenchant les applaudissements du public.
Le prix de la mise en scène est allé à l’Italien Matteo Garrone pour Moi, capitaine, qui raconte l’odyssée périlleuse de deux jeunes cousins sénégalais à travers l’Afrique et la Méditerranée pour gagner l’Italie. Son jeune protagoniste, Seydou Sarr, a reçu le prix du meilleur espoir. Matteo Garrone, réalisateur de Gomorra, a affirmé sur scène avoir «cherché à donner la parole à ceux qui ont vraiment vécu ce voyage».