Le ministre sahraoui des Affaires étrangères, Mohamed Sidati, a vivement dénoncé hier «l’agression barbare» commise le 23 août par un membre de la délégation marocaine contre le représentant de la République sahraouie participant à la réunion préparatoire de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (Ticad).
Ces agissements violents ont révélé «l’échec du Maroc dans son entreprise visant à empêcher la délégation sahraouie de participer au sommet de la Ticad», a déclaré le MAE sahraoui lors d’une conférence de presse qu’il a animée hier à Alger. M. Sidati a assuré que le pays hôte, le Japon en l’occurrence, a respecté la volonté de l’UA qui refuse toute forme d’exclusion de ses membres lors de telles réunions.
Il a affirmé dans ce sillage n’avoir nullement été étonné par le comportement de diplomates marocains aux abois, parce qu’ils n’ont pas réussi à imposer leur diktat lors de cette réunion et qui semblent de plus en plus dérangés par la présence constante des représentants de la République sahraouie dans des conférences internationales et réunions multilatérales. Une participation qui donne davantage de visibilité à la cause sahraouie.
D’ailleurs, selon lui, la participation sahraouie à la Ticad constitue une nouvelle victoire diplomatique pour le peuple sahraoui. Cela surtout que cette agression a suscité auprès des participants des réactions de solidarité et sympathie avec les Sahraouis et de désapprobation et de colère à l’égard de la délégation marocaine.
Les participants à cette réunion sont arrivés à la conclusion, a ajouté M. Sidati, que «la politique étrangère du royaume du Maroc est fondée sur l’intimidation, l’espionnage et la corruption».
«Depuis 2017, la date de son adhésion à l’Union africaine, le Maroc tente de porter atteinte à la présence de la République sahraouie au sein de cette Union en tant que membre fondateur et à sa participation aux réunions et forums de l’Union avec les organisations internationales et avec d’autres pays», a souligné le MAE sahraoui, qui a rappelé le contenu de la déclaration finale du sommet de la Ticad qui a réitéré le droit de tous les membres de l’UA de participer aux sommets et réunions de partenariat.
Le MAE sahraoui a assuré qu’il y a une consultation au sein de l’UE pour agir afin que de tels comportements marocains néfastes à l’organisation soient sanctionnés pour qu’ils ne se reproduisent plus.
Préjudice
M. Sidati a insisté sur le fait que le comportement indigne de la diplomatie marocaine est préjudiciable pour l’UA et ternit l’image de l’Afrique à l’international. Il se demande, à juste titre, ce qu’a apporté le Maroc à l’UA, qui œuvre pour le développement, la solidarité et la fin de l’ancien et du nouveau colonialisme.
Selon lui, la seule contribution du Maroc dans l’Union africaine est «la corruption, les pots-de-vin, la violence et le piétinement de sa charte fondatrice». Il rappelle que le Maroc recourt toujours à la confusion, à la désinformation et à la déformation des faits pour transformer médiatiquement ses échecs en victoires diplomatiques.
M. Sidati a évoqué dans ce sillage la dernière campagne de désinformation menée par le makhzen pour cacher son échec cuisant au Japon en faisant circuler des fake news sur une soi-disant exclusion de la République sahraouie d’un forum de coopération entre la Chine et des pays africains.
Le MAE sahraoui a ainsi démenti ces fausses informations relayées par les sbires du makhzen et sa machine de propagande, en précisant qu’il s’agissait d’une réunion entre la Chine et certains pays africains et non pas d’une réunion de partenariat avec l’Union africaine. M. Sidati a étayé ses propos en rappelant les positions constantes de la Chine en faveur d’un règlement juste et équitable de la question sahraouie et en faveur du droit des Sahraouis à l’autodétermination.
La responsabilité de la France
Interrogé sur la position exprimée récemment par le président français, Emmanuel Macron, sur le dossier sahraoui en reconnaissant la marocanité de ce territoire colonisé, le MAE sahraoui a assuré qu’il n’était pas surpris par une telle déclaration, même si elle venait de la part d’un représentant d’un pays membre permanent du Conseil de sécurité qui a des obligations au plan international et dont il était, par conséquent, attendu une autre position.
M. Sidati a précisé que «la France a été, depuis le début, du côté marocain dans ce conflit. La France, a-t-il poursuivi, a appuyé l’occupation illégale par le Maroc du Sahara occidental. C’est également ce même pays qui a soutenu militairement, politiquement et diplomatiquement le Maroc dans son entreprise coloniale». «Les Français sont impliqués dans la conception et la planification de l’invasion du territoire sahraoui.
C’est la France qui a encouragé également le dépeçage par le Maroc et la Mauritanie du Sahara occidental», a-t-il soutenu, tout en considérant également que la France a bien été derrière l’organisation de la «marche verte» et l’armement de l’armée marocaine en la dotant de Jaguars qui ont semé mort et désolation dans les territoires occupés du Sahara occidental.
M. Sidati a estimé que même le plan d’autonomie proposé par le Maroc en 2007 à la communauté internationale a été d’inspiration française. «C’est pour vous dire que la France a toujours été dans toutes les combines marocaines. Elle fait la guerre au peuple sahraoui et a toujours été présente dans ce conflit.» Il estime qu’aujourd’hui encore, la France vole au secours de la monarchie marocaine qui bat de l’aile.
Aussi, il considère que la position de la France sur le dossier sahraoui découle d’une ancienne perception coloniale de l’espace nord-africain. Le MAE sahraoui a affirmé que le régime marocain bénéficie aussi du soutien de l’entité sioniste, de l’Espagne et des Etats-Unis.
Il a salué au passage la position constante de l’Algérie en faveur de la cause sahraouie mais aussi de la question palestinienne. Il a également affirmé avoir été impressionné par «l’homogénéité des positions des candidats à la présidentielle algérienne à l’égard de la question sahraouie».
Cela reflète, selon lui, le consensus qu’il y a sur le soutien à la cause sahraouie. Revenant sur la situation sur le terrain de la lutte contre les forces d’occupation marocaines, reprise depuis 2020, M. Sidati a assuré que «rien ne pourra ébranler la détermination du peuple sahraoui à libérer l’ensemble du territoire sahraoui du joug colonial».