Mohamed Kessoul. Expert en hydraulique en France et chef d’un bureau d’études en Algérie : «Les délinquants environnementaux doivent se ressaisir»

19/05/2022 mis à jour: 01:11
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En marge du séminaire sur la gestion et le traitement des rejets industriels tenu à Bordj Bou Arréridj, nous avons abordé Mohamed Kessoul, l’un des experts qui a pris part à cette rencontre scientifique, sur les enjeux, à court et long termes, qui attendent l’Algérie pour faire face aux torts infligés à l’environnement.

«Nous valorisons beaucoup ce genre de rencontres à travers lesquelles nous tentons de mettre les bouchées doubles dans l’espoir de redresser les torts faits à l’environnement, avant qu’il ne soit trop tard.

Nous sommes ici pour sensibiliser les industriels sur la situation environnementale alarmante et les inciter à faire la part des choses, en conciliant la prospérité de l’entreprise avec le respect de l’environnement, deux éléments qui devraient aller de pairs. On ne peut pas hiérarchiser le rendement économique en amont de l’intérêt écologique. Autrement dit, on ne doit pas bâtir une économie au détriment de l’environnement.

C’est un ensemble basé sur l’écologie, l’économie et le social. L’Algérie dispose d’un immense arsenal administratif et réglementaire, mais ce qui manque c’est l’application. Une économie qui génère de l’emploi et de la richesse, parallèlement à un environnement malmené, la combinaison nécessite beaucoup d’efforts», a-t-il déclaré à El Watan.

La dégradation de l’environnement est un phénomène planétaire, mais à des degrés variables, suivant les émissions de chaque pays, ce qui nécessite une vision globale pour le protéger, où en est on avec la règle du pollueur payeur en Algérie ? «En Algérie, comme dans d’autres pays du Tiers monde, la situation est alarmante.

Nous souffrons beaucoup plus que les Européens des affres de la dégradation, puisqu’en Europe les lois sont respectées, et les récalcitrants sont soumis à des mesures coercitives. Je me suis déplacé dans plusieurs régions du pays, j’ai constaté que la situation écologique est partout catastrophique.

La meilleure façon d’y remédier, est de frapper au portefeuille, en appliquant la règle du pollueur payeur. Les délinquants environnementaux doivent se ressaisir. Il y a des lois, et celui qui ne les respecte pas doit être sanctionné, c’est aussi simple que cela», martèle-t-il.

Si les eaux issues de l’épuration seront destinées à l’irrigation ou à l’usage externe, il n’en demeure pas que la faible pluviométrie, induite par le réchauffement climatique, contraint les pouvoirs publics à recourir au dessalement de l’eau de mer pour subvenir aux besoins des populations.

Là encore, un autre enjeu attend le pays. «C’est une réalité, nous manquons de ressources hydriques et nous devons nous débrouiller comme on peut pour avoir de l’eau potable, quitte à payer le prix fort en recourant au dessalement de l’eau de mer, une opération douloureuse, puisqu’elle est énergivore, mais on n’a pas d’autre choix», conclut-il. 

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