Mise en conformité des constructions à Boumerdès : 11 900 dossiers en attente de traitement

16/11/2023 mis à jour: 06:33
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Le taux de régularisation des constructions reste très faible à Boumerdès. Photo El Watan

L’opération de mise en conformité des constructions bute sur d’énormes contraintes dans la wilaya de Boumerdès. Prolongée à maintes reprises, cette opération devra être clôturée le 31 décembre prochain. Néanmoins, 15 ans après son lancement, le bilan est très en deçà des objectifs escomptés. 

Plus de 11 900 parmi les 21 830 dossiers déposés ne sont pas encore examinés par les commissions de daïra. Le directeur de l’urbanisme et de la construction, Nordine Ghalmi, a fait état récemment du traitement de 9868 demandes, soulignant que le reste le sera progressivement même après la fin des délais de dépôt des dossiers. Malgré les recommandations émises à ce sujet par le passé, le taux de régularisation des constructions reste très faible. «Cela fait 7 ans que j’attends. La dernière fois, les employés chargés du suivi de cette opération m’ont dit qu’ils n’ont trouvé aucune trace de mon dossier. Alors que j’ai dépensé plus de 15 millions pour le faire», s’indigne un habitant de Bordj Menaïel. Un autre citoyen dénonce des blocages délibérés et autres pratiques où se mêlent chantage et bureaucratie.

 «Au début, on m’a demandé de changer le point de branchement au réseau d’assainissement. Quand je l’ai fait on m’a dit que le gabarit de la bâtisse n’est pas conforme au permis de construire, alors que la loi n’exclut pas la régularisation de ce cas», se désole-t-il. Un précédent rapport de l’APW parle de la mise en conformité  de moins de 2000 constructions depuis 2008. 

Ce qui est insignifiant au vu du nombre d’habitations érigées en violation des normes de l’urbanisme à travers la wilaya. Depuis 2010, plus de 6500 infractions aux normes de l’urbanisme ont été enregistrées par les autorités. Selon la loi 15-08, toutes les constructions réalisées avant 2008 sont régularisables sauf celles qui sont situées sur des sites archéologiques, touristiques, les terres agricoles, les zones de servitude et celles édifiées en violation des règles de sécurité. 

Dans les faits, la réalité est tout autre. Certaines administrations dressent des barrières infranchissables, dissuadant les plus téméraires de poursuivre leurs démarches. 

Parmi les motifs des rejets qui reviennent souvent, figurent les cas des bâtisses se trouvant dans des zones touristiques, des terres agricoles, des lotissements sans plans de morcellement, etc. Mais il n’y pas que ça. Les services en charge du  dossier sont parfois intransigeants à l’encontre des gens ayant édifié sous les réseaux électriques, près des réseaux de gaz ou un collecteur d’assainissement. Idem pour ceux ayant empiété sur la voie publique ou dépassant la hauteur autorisée ou encore les gens n’ayant pas d’actes de propriété individuel des terrains abritant leurs habitations. «Il arrive aussi que la chance d’obtenir le certificat de conformité soit gâchée par une fenêtre ou un balcon mal-placés ou un terrain mal-cadastré», explique un architecte qui soulève des retards incompréhensibles pour la régularisation des lotissements créés par les communes dans les années 1990. 

A Boumerdès, Corso, Ouled Moussa, Naciria et Dellys, beaucoup d’habitations sises dans des lotissements n’ont pas été régularisées faute de plans de morcellement et en raison des erreurs de cadastre. A rappeler que des commissions avaient été créées l’année passée au niveau de chaque daïra afin de remédier à ces problèmes. Ces dernières devaient se réunir chaque semaine afin d’accélérer le rythme de traitement des dossiers de mise en conformité, mais aucune amélioration depuis.    
 

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