Les Etats-Unis ont annoncé hier des représailles «très conséquentes» après une frappe de drone en Jordanie imputée à des groupes pro-Iran et qui a tué trois militaires américains, Téhéran réfutant toute implication dans cette attaque. Le président Joe Biden «répondra, vous savez, d’une manière très conséquente.
Mais nous ne cherchons pas de guerre avec l’Iran. Nous ne cherchons pas un conflit plus large au Moyen-Orient», a déclaré hier sur CNN John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison- Blanche, cité par l’AFP. La Résistance islamique en Irak, nébuleuse de combattants issus de groupes armés pro-Iran, a revendiqué des attaques menées «avec des drones» dimanche à l’aube contre trois bases en territoire syrien accueillant des soldats américains, nommant notamment les secteurs d’Al Tanf et de Rukban, près de la frontière avec la Jordanie. Difficile toutefois dans l’immédiat de déterminer si une de ces frappes est bien celle qui a tué trois soldats américains et fait 34 blessés.
Il s’agit du bilan humain le plus lourd depuis que des groupes armés pro-Iran ont lancé à la mi-octobre des tirs de roquettes et frappes de drones contre les troupes de Washington et celles de la coalition internationale antidjihadistes. «N’ayez aucun doute : nous allons faire rendre des comptes à tous les responsables, quand et comme nous le voulons», a promis dimanche le président américain Joe Biden. Il a aussi accusé «des groupes de combattants radicaux soutenus par l’Iran opérant en Syrie et en Irak» d’être responsables de l’attaque contre les troupes américaines «basées dans le nord-est de la Jordanie, près de la frontière syrienne». La Jordanie a condamné une attaque «terroriste» contre «une position avancée à la frontière avec la Syrie».
La frappe de drone a touché la «Tour 22», base logistique en territoire jordanien, située juste en face de la zone de Rukban, en territoire syrien, selon l’armée américaine. Cette position abrite 350 membres de l’armée de terre et de l’air de Washington, assurant des missions de soutien essentielles, notamment dans le cadre de la coalition internationale engagée contre le groupe Etat islamique (EI).Depuis la mi-octobre, plus de 150 frappes de drones ou tirs de roquettes ont visé les soldats américains et ceux de la coalition, en Irak et en Syrie, répercussion directe de la guerre à Ghaza entre Israël et le Hamas palestinien. Téhéran «n’a aucun lien et n’a rien à voir avec l’attaque sur la base américaine», a réagi la représentation permanente de l’Iran à l’ONU.
Le ministère des Affaires étrangères iranien a dit ne pas souhaiter «l’expansion du conflit au Moyen-Orient», selon son porte-parole Nasser Kanani. Mais, a-t-il dit, l’Iran n’est «pas impliqué dans les décisions prises par les groupes de résistance sur la manière avec laquelle ils soutiennent la nation palestinienne». Depuis la mi-octobre, la plupart des attaques contre les soldats américains ont été revendiquées par la Résistance islamique en Irak. Dans son communiqué revendiquant les frappes sur Rukbanet Al Tanf, le groupe déclare agir pour «résister» aux forces américaines en Irak et dans la région et «en réponse aux massacres» dans la bande de Ghaza.
Dans l’extrême est de la Syrie, «des groupes de combattants pro-Iran ont évacué 12 positions» dans les régions de Boukamal et d’Al Mayadine, a indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) hier.
Des transferts motivés par «la crainte d’une réponse américaine» après la mort des trois militaires, selon cette source.
En représailles aux attaques sur son personnel, Washington avait déjà mené plusieurs frappes en Irak contre des combattants de groupes armés pro-Iran. Tout comme au Yémen où des bombardements ont pris pour cible des positions des rebelles houthis, qui eux visent en Mer rouge le trafic maritime international.
Baghdad a condamné hier l’attaque meurtrière contre les soldats américains en Jordanie, tout en appelant à «stopper la spirale de la violence» au Moyen-Orient. «Le gouvernement irakien dénonce l’escalade en cours», a déclaré dans un communiqué son porte-parole Bassim Alawadi, assurant que son pays voulait aider à «l’élaboration de règles d’engagement fondamentales, pour éviter plus de répercussions dans la région et empêcher l’expansion du conflit».
L’attaque a également été condamnée par l’Egypte, Bahreïn et le Royaume-Uni dont le chef de la diplomatie, David Cameron, a appelé l’Iran à «la désescalade dans la région».