Des écoles pour enfants afghans au Pakistan ont commencé à fermer, hier, la peur gagnant leurs familles, à l’approche de la date butoir du début des expulsions des migrants en situation irrégulière vers leur pays d’origine, rapporte l’AFP.
Le Pakistan a donné jusqu’au 1er novembre aux sans-papiers vivant sur son sol, dont 1,7 million d’Afghans, pour le quitter d’eux-mêmes, sans quoi ils seront expulsés. Jeudi, le gouvernement a annoncé l’ouverture de plusieurs centres de rétention dans le pays, pour les Afghans en situation irrégulière. «Ces centres sont dénommés centres de rétention.
Les migrants illégaux seront gardés là», a déclaré, en conférence de presse, le ministre pakistanais de l’Intérieur, Sarfraz Bugti. «Des installations et de la nourriture leur seront fournies. Les enfants, femmes et personnes âgées, seront traités avec un respect particulier. Mais après le 1er novembre, nous ne ferons aucune concession concernant les immigrants en situation irrégulière», a-t-il ajouté. Par mesure de rétorsion, les autorités talibanes ont adopté les mêmes dispositions de l’autre côté de la frontière, a indiqué le même jour, Ali Mohammad Haqmal, porte-parole du département information de la ville de Spin Boldak.
Pour les jeunes Afghanes faisant leurs études au Pakistan, cela signifie retourner dans un pays où l’accès à l’éducation après l’école primaire est interdit aux filles par le gouvernement taliban. Cinq écoles de la capitale pakistanaise Islamabad et de la grande ville adjacente Rawalpindi, qui comptent, en temps normal, 2000 élèves afghans, devaient fermer pour une durée indéterminée, après le dernier cours, a déclaré un professeur, sous le couvert de l’anonymat.
Selon des enseignants, les fermetures ont été provoquées par la baisse des deux tiers de la fréquentation ces derniers jours, car les élèves craignent de sortir de chez eux, la police ciblant indifféremment les migrants en situation régulière et irrégulière. Les talibans ont qualifié d’«injuste» la décision d’Islamabad d’expulser les réfugiés afghans.Selon l’ONU, 600 000 Afghans sont entrés au Pakistan depuis août 2021, nombre d’entre eux cherchant à obtenir l’asile dans des pays tiers. Des milliers d’Afghans, dont certains vivaient depuis des décennies au Pakistan ou y sont même nés, sont déjà rentrés volontairement dans leur pays ces dernières semaines, malgré la grave crise économique et humanitaire qu’il traverse.
L’ONU a prévenu que recourir à des expulsions forcées pourrait mener à «une catastrophe en termes de droits humains», les femmes et les filles se retrouvant particulièrement menacées par la version rigoriste de l’islam prônée par les talibans.
Avec l’arrivée au pouvoir des talibans, la situation sécuritaire s’est dégradée au Pakistan, confronté à une recrudescence des attentats sur son territoire qu’il impute à des groupes basés en Afghanistan, malgré les dénégations des autorités afghanes. Selon Islamabad, plus de 24 attentats suicides ont eu lieu le long de la frontière pakistanaise depuis janvier, dont plus de la moitié aurait été planifié en Afghanistan. D’où les tensions avec Kaboul. L’Afghanistan est en proie à de graves difficultés économiques, coupée du système bancaire international et très dépendante de l’aide humanitaire.