Mi-bateau électrique, mi-tapis volant, Candela à la conquête des villes maritimes

22/02/2023 mis à jour: 22:49
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De l’extérieur, le C8 ressemble à un simple bateau de plaisance, affiné et rétro. Mais une fois à bord, et à partir de 14 nœuds, il décolle et plane au-dessus de l’eau, suscitant l’attention des passagers d’un ferry de la baie de San Francisco - le genre de bateau que Candela, le fabricant du C8, aspire un jour à remplacer. «C’est très simple à manoeuvrer, mon fils de cinq ans peut le faire. ça vole tout seul», commente Tanguy de Lamotte, aux commandes de la vedette de 8,50 mètres. Le navigateur français, qui a fait le Vendée Globe, un tour du monde en solitaire à bord d’un voilier, dirige désormais l’antenne américaine de Candela, un constructeur suédois de bateaux électriques volants. Objectif affiché de l’entreprise, «fabriquer les bateaux les plus efficaces possibles en termes de consommation d’énergie pour pouvoir les propulser avec un moteur électrique et sortir des énergies fossiles», explique le patron. Seuls le moteur et les «hydrofoils» restent immergés. Ces ailes porteuses (devenues la norme en compétition de voile) fonctionnent comme celles d’un avion, mais dans l’eau : quand le bateau accélère, elles le poussent au-dessus de la surface. Affranchi des frottements, l’engin consomme «80% d’énergie en moins». «On a l’impression d’être sur un tapis volant», décrit Tanguy de Lamotte : les passagers planent, sans subir ni le bruit des vagues et du moteur, ni l’odeur de l’essence, ni la houle qui donne le mal de mer.  Commercialisé à partir de 400 000 dollars, le C8 ne convient pas à tous les budgets. Candela a reçu quelque 150 commandes et la première doit être livrée en Floride d’ici la fin du mois. Le projet semble une goutte d’eau dans l’océan de la lutte contre le réchauffement climatique, mais c’est un premier pas, souligne le pilote. «Nous savons que l’impact est limité avec les bateaux de plaisance qu’on n’utilise que deux jours par semaine quand il fait beau. Mais cet été, nous allons commencer à tester notre prochain modèle, le P12, un catamaran avec 25 places, dans l’archipel de Stockholm», détaille-t-il.

La nouvelle navette doit réduire de moitié le temps de transport des habitants de la banlieue Ekerö, qui mettent actuellement près d’une heure à se rendre en centre-ville par bus, métro ou ferry, d’après Candela. L’entreprise assure avoir reçu des demandes prospectives de nombreuses villes, de San Francisco à la Suisse et ses grands lacs en passant par le Moyen-Orient. A Venise, la société va tester le P8 - un C8 version «limousine» - pour emmener des passagers de l’aéroport à leur hôtel, d’une façon plus respectueuse pour l’environnement. On est encore loin de transformer les porte-conteneurs ou les bateaux de croisière. Et la question de la production des batteries en quantité suffisante, et celle de leur recyclage, restent aussi des freins à l’industrie. «Mais on avance dans la bonne direction», insiste Tanguy de Lamotte. «L’impact environnemental des batteries est largement inférieur à celui des moteurs à combustion». Candela présente le C8 comme le bateau électrique «le plus rapide» et ayant «la plus longue portée» du marché: avec une seule charge, il peut parcourir jusqu’à 57 milles nautiques (une centaine de kilomètres) à 22 nœuds en moyenne. Les bateaux électriques ou hybrides, plus chers à l’achat mais moins coûteux à l’usage, ne représentent actuellement que 2% du marché mondial, selon la plateforme Boat Trader.

D’après un rapport récent d’Allied Market Research, le marché des bateaux électriques valait 5 milliards de dollars en 2021 et dépassera les 16 milliards en 2031. Pour faire la différence, Candela compte sur ses hydrofoils, et surtout son ordinateur, qui ajuste automatiquement leur position pendant le vol, et assure l’amerrissage quand les vagues sont trop hautes (plus d’un mètre). «Concevoir un bateau électrique, c’est assez facile. Mais le faire voler par lui-même, c’est plus compliqué», explique Tanguy de Lamotte, qui travaillait sur son propre prototype avant d’être embauché par l’entreprise. Alexei Chemenda a découvert la marque en voyant le C7, l’ancien modèle, dans la baie de San Francisco l’année dernière. «Il y a avait un bateau au-dessus de l’eau, je ne comprenais pas ce qu’il se passait!», se souvient-il.

«On l’a testé avec ma femme et on a eu un coup de coeur. On a passé commande le jour-même», raconte cet entrepreneur français. Le couple va se faire livrer un C8 à Cannes, où ils ont une maison, pour le louer à des particuliers. «C’est magique. Le bateau se lève, le sillage disparaît et on a l’impression de flotter sans rien déranger». 

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