Mexique : Des animaux au service de la santé mentale

18/07/2023 mis à jour: 02:00
AFP
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Alessia, 9 ans, prend délicatement entre ses mains Waffle, un hamster mis à sa disposition dans son traitement pour déficit d’attention dans un hôpital de Mexico. «Il m’aide à oublier l’anxiété, à contrôler mes émotions, à me détendre, à être plus concentrée», raconte la petite fille à la fin d’une séance en présence de deux psychologues. 
 

Huit chiens et deux perruches australiennes complètent l’équipe d’animaux dressés pour ce programme du Centre national de santé mentale de l’Institut de sécurité et des services sociaux des travailleurs de l’Etat (ISSSTE). 

La vedette s’appelle Harley, alias «le borgne», un chien pug de cinq ans qui a perdu l’oeil droit en jouant avec une porte. Harvey est devenu célèbre pendant la pandémie du Covid-19, qui a aggravé et popularisé les questions de santé mentale dans le monde entier. «Il s’est remis rapidement et nous avons pris cet exemple de résilience face à l’adversité», affirme la docteure Lucia Ledesma, responsable nationale du service de santé mentale de l’ISSSTE.
 

«Maman humaine» de Harley, la spécialiste en neuropsychologie est l’une des précurseurs de cette initiative prise dès 2016 pour aider initialement les enfants atteints de cancer. Les «animaux-thérapies» ont commencé dans d’autres pays dès les années 1970. «Le contact avec les animaux génère des changements neuro-psychologiques radicaux, en abaissant le niveau de stress, d’anxiété, en plus de favoriser d’autres processus cognitifs», détaille Ledesma. 
 

Un soulagement pendant la pandémie 

Pendant la pandémie, Harley allait jusque dans les unités Covid des hôpitaux pour distraire les membres du personnel médical séparés de leurs familles, confrontés à de très longues journées de travail. «Ce fut le seul endroit au monde où des animaux sont entrés dans des unités Covid», assure Ledesma. «Nous avons reçu une reconnaissance internationale.» Infirmière, Silvia Hernandez a connu Harley pendant la pandémie. «Il est arrivé directement vers moi, comme s’il me connaisait, comme si nous étions de grands amis», raconte-t-elle avec émotion. «Il nous a laissés le caresser». «Nous avons pu voir l’émotion des collègues (...) comment sa présence leur permettait de se libérer de la tension. Certains en ont pleuré», se souvient l’infirmière.
 

La pandémie a aggravé les problèmes de santé mentale sur le continent américain, selon un rapport de l’Organisation panaméricaine de la Santé (OPS). En cause: l’augmentation des facteurs de risques comme le chômage, l’insécurité économique et le deuil. C’est dans ce contexte que l’ISSSTE a créé le programme de santé mentale «Harley et ses amis». L’objectif est de prévenir et détecter les complications, et d’intervenir sur les problèmes déjà identifiés, souligne Ledesma. 

Le choix d’un chien dépend moins de sa race que de son tempérament, qui doit transmettre de la tranquillité, et de sa capacité à interagir avec les humains, ajoute la spécialiste. L’avantage c’est qu’il ne coûte rien à la Sécurité sociale, ajoute-t-elle en plaisantant sur Harvey : «Il continue de faire des gardes et des remplacements.»
 

La célébrité du pug est telle que des marques de croquettes et d’accessoires pour chiens lui ont offert des produits gratuits et des propositions de contrats publicitaires.
 

Harley «a rejeté toutes les offres. Il a perdu une occasion de devenir riche. Il le regrette maintenant», plaisante Ledesma, face au regard interrogatif du chien monté sur son bureau. 
 

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