Jusqu’à hier soir, les familles des concernés et les défenseurs des droits de l’homme étaient dans l’expectative. Aucune information sur la mise en œuvre des mesures présidentielles n’a filtré.
Qui est concernés par la grâce présidentielle ? Deux jours après l’annonce de nombreuses mesures au profit de plusieurs catégories de détenus, rares sont les détenus du hirak à quitter les prisons. Jusqu’à hier soir, les familles des concernés et les défenseurs des droits de l’homme étaient dans l’expectative. Aucune information sur la mise en œuvre des mesures présidentielles n’a filtré.
Un seul détenu, en l’occurrence le jeune Belarbi Abdelkader (Tlemcen), a été remis en liberté, selon l’avocate Fetta Sadat. Ce silence intrigue plus d’un. Pourtant, le communiqué de la Présidence était clair. «Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a également recommandé des mesures d’apaisement au profit des jeunes poursuivis pénalement et placés en détention pour avoir commis des actes d’attroupement et des faits connexes», a indiqué le communiqué de la Présidence.
Quelles sont les modalités d’application de cette mesure ? Quels sont les critères selon lesquels seront choisis les détenus d’opinion éligibles à la grâce ? Le ministère de la Justice n’a rien communiqué sur le sujet. Devant cette situation, des avocats et des défenseurs des droits de l’homme s’interrogent. Ils ne savent pas ce qui se passe. «Toujours pas de nouvelles sur la libération des détenus d’opinion», a écrit, hier encore, Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH), sur sa page Facebook.
Ce qui a amené l’un des avocats des détenus d’opinion, Abdelghani Badi, à demander «si ces mesures d’apaisement» concernent «toutes les affaires, aussi bien celles relevant de la correctionnelle que de la criminelle», en faisant référence à la formule «actes d’attroupement et des faits connexes», utilisée dans le communiqué.
Ce qui ajoute encore de la confusion à cette situation est le fait que plusieurs procès des détenus d’opinion ont été organisés durant la journée, d’autres ont été reportés, alors que certains militants politiques devront comparaître demain devant les tribunaux, à l’image de Yassine Merchiche, membre du conseil national du RCD, détenu à Batna. Un autre militant du même parti, en l’occurrence Menad Larbi, a vu sa peine de 18 mois de prison confirmée en appel.
Selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), au moins 262 activistes et militants politiques pacifiques sont actuellement en détention dans différentes prisons du pays. Ce chiffre pourrait être encore plus important, puisqu’il y a des cas qui n’atterrissent pas sur les bureaux des avocats du collectif de défense.
Des partis politiques, y compris ceux qui ont répondu favorablement à l’invitation de la Présidence pour des consultations, et des organisations de défense des droits de l’homme, n’ont cessé de réclamer la libération de tous les détenus d’opinion. A rappeler que depuis janvier 2020, plusieurs mesures de grâce ont été décidées en faveur des détenus du hirak.
Les concernés avaient été remis en liberté provisoire, pour la plupart d’entre eux, dans les quelques heures ayant suivi l’annonce de la mesure. Pourquoi l’application de la décision de Abdelmadjid Tebboune tarde à être appliquée cette fois-ci.