L’ONG allemande Sea-Eye a annoncé hier avoir secouru des bateaux de migrants cinq fois en 24 heures, ce qui, selon elle, témoigne de «l’état d’urgence» en mer Méditerranée. «Cinq sauvetages en 24 heures.
Cela montre l’état d’urgence qui règne actuellement en Méditerranée et combien il est important que nous soyons là pour sauver des vies», a affirmé l’ONG dans un communiqué cité par l’AFP. Le Sea-Eye 4 a répondu aux appels de détresse avec deux autres navires de sauvetage entre dimanche et lundi, sauvant quelque 230 personnes, dont une mère et son bébé, a-t-elle précisé.
Après en avoir transféré une partie sur un navire des garde-côtes italiens, il transportait hier environ 170 personnes vers le port désigné de Gênes, dans le nord de l’Italie, qui se trouve «à environ 600 milles marins».
Depuis son arrivée au pouvoir en octobre 2022, la coalition de la Première ministre d’extrême droite Giorgia Meloni cherche à endiguer l’arrivée de bateaux de migrants en Italie en provenance d’Afrique du Nord. Elle accuse les navires de sauvetage d’être un «facteur d’attraction», même si en réalité la grande majorité des migrants qui arrivent en Italie sont récupérés par les garde-côtes.
«En envoyant des navires de sauvetage civils dans des ports éloignés, nous devons compter six jours pour le seul voyage vers et depuis Gênes, nous perdons un temps précieux dans la zone de recherche et de sauvetage, pendant lequel nous ne pouvons pas aider les personnes qui en ont besoin», a déploré le président de Sea-Eye, Gorden Isler. «Cette politique peut avoir des conséquences fatales pour les personnes en quête de protection», a-t-il déclaré.
La loi italienne oblige les ONG à se rendre «sans délai» dans un port immédiatement après la fin d’un sauvetage - une politique qui les empêche d’en effectuer plusieurs à la suite. Les ONG estiment que cela viole le droit maritime, qui oblige tout navire à venir en aide à un bateau en détresse. Mais ne pas s’y conformer fait encourir une amende comprise entre 2000 et 10 000 euros, ainsi qu’une détention administrative de 20 jours et, à terme, la saisie définitive du navire.
De nombreux navires d’ONG ont été immobilisés, parfois à plusieurs reprises, pour avoir enfreint la loi. Les tribunaux italiens ont annulé plusieurs décisions de ce type.
Le mois dernier, un tribunal italien a jugé qu’une telle ordonnance visant le Sea-Eye 4 était illégale, mais les tribunaux doivent encore identifier précisément les failles juridiques de cette législation. Sea-Eye a déclaré hier avoir été alertée par la ligne d’assistance aux migrants Alarm Phone, mais que «toutes les opérations avaient été coordonnées avec les autorités italiennes».