Mer de Chine méridionale : Nouvel accrochage sino-philippin

20/08/2024 mis à jour: 00:58
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Photo : D. R.

Les tensions entre Pékin et Manille se sont intensifiées ces derniers mois et ont été marquées par une série de confrontations en mer de Chine méridionale.

Des navires battant pavillon chinois et philippin sont entrés en collision hier lors d’un nouvel accrochage près d’un récif disputé en mer de Chine méridionale, les deux pays se rejetant mutuellement la responsabilité de l’incident, selon l’AFP.

«En dépit de multiples mises en garde de la partie chinoise, le navire philippin 4410 est entré délibérément en collision avec le navire chinois 21551», a déclaré la télévision publique CCTV, citant un porte-parole des garde-côtes chinois, Gan Yu.

Pékin revendique une grande partie des îles et récifs de la mer de Chine méridionale, y compris des eaux et des îles proches des côtes de plusieurs pays voisins, et a ignoré la décision d’un tribunal international en 2016 rejetant cette affirmation comme étant dénuée de fondement juridique.

Les tensions entre Pékin et Manille se sont intensifiées ces derniers mois et ont été marquées par une série de confrontations en mer de Chine méridionale. Le nouvel incident a eu lieu près de l’atoll Sabina, situé à 140 kilomètres à l’ouest de l’île philippine de Palawan.

Selon Manille, c’est la première action hostile de Pékin dans cette zone, où les deux parties stationnent des navires de garde-côtes depuis plusieurs mois et où les Philippines redoutent que la Chine ne soit sur le point de construire une île artificielle.

Le contre-amiral Jay Tarriela, un porte-parole des garde-côtes philippins, a affirmé que le navire chinois avait percé un trou dans la coque du navire philippin, le BRP Bagacay, lors de la première collision. Puis une nouvelle collision a cabossé le navire et endommagé ses garde-corps, a-t-il ajouté, signalant aussi des dommages sur la coque – un trou d’1,1 mètre, et le pot d’échappement sur un autre navire philippin, le BRP Engano.

Côté chinois, Gan Yu a lui rejeté la faute sur Manille, dénonçant une manœuvre «non professionnelle et dangereuse». «Les navires des garde-côtes philippins ont pénétré illégalement dans les eaux proches du récif de Xianbin, dans les îles Nansha, sans l’autorisation du gouvernement chinois», a-t-il affirmé, en employant les noms chinois de l’atoll Sabina et des îles Spratleys.

«Les garde-côtes chinois ont pris des mesures de contrôle contre les navires philippins conformément à la loi», a-t-il ajouté.

Les actions des bateaux philippins ont «violé sérieusement la souveraineté de la Chine», a dénoncé Mao Ning, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, et Pékin «continuera de prendre des mesures résolues et énergiques conformément à la loi pour sauvegarder sa souveraineté territoriale et ses droits et intérêts maritimes».

Manille a diffusé des images montrant un trou sur la coque du BRP Bagacay et les dommages subis par les navires. Sur celles publiées par CCTV, un navire, identifié par Pékin comme battant pavillon philippin, entre en collision avec un bateau chinois sur son flanc bâbord, avant de poursuivre sa route. D’autres images de la chaîne d’Etat chinoise montrent le navire chinois heurtant l’arrière du navire philippin.

Les bandeaux d’information de CCTV affirment que l’incident s’est produit après que le navire philippin a opéré un «changement de direction soudain». «Nous enjoignons fermement la partie philippine de cesser immédiatement ses infractions et ses provocations», a déclaré Gan Yu.

Mais pour le directeur général du Conseil philippin de sécurité nationale, Jonathan Malaya, «ce n’est pas (le BRP Bagacay) qui a percuté (l’autre navire), c’est l’inverse». «Les preuves physiques le démontrent», a-t-il affirmé.

«Manœuvres illégales et agressives»

Le BRP Bagacay a été «éperonné à deux reprises» par un navire des garde-côtes chinois et a subi des «dommages structurels mineurs», selon lui. L’équipage philippin n’a pas été blessé et a poursuivi sa mission de ravitaillement des îles Spratleys, a-t-il ajouté.

Le groupe de travail national de Manille sur la mer des Philippines occidentales a dénoncé les «manœuvres illégales et agressives» des navires chinois.L’atoll Second Thomas, qui abrite une petite garnison philippine stationnée sur un navire militaire échoué par l’armée philippine en 1999, se trouve à environ 200 kilomètres de l’île de Palawan, à l’ouest des Philippines, et à plus de 1000 km de l’île chinoise de Hainan.

Il a été le théâtre d’affrontements entre des bateaux chinois et philippins ces derniers mois, alors que Pékin redouble d’efforts pour faire valoir ses revendications en mer de Chine méridionale. 
La Chine revendique une grande partie des îles et récifs de la mer de Chine méridionale.

D’autres pays riverains, comme le Vietnam, les Philippines, la Malaisie et Brunei, ont des prétentions en cette zone. En 2012, Pékin a repris à Manille ce récif de Scarborough. Depuis, il y a déployé des navires qui, selon les Philippines, harcellent leurs pêcheurs qui tentent d’accéder à cette zone.

Depuis l’arrivée au pouvoir en 2022 du président philippin Ferdinand Marcos, Manille affirme plus fermement ses prétentions de souveraineté face à Pékin, qui lui-même n’entend pas céder sur ses revendications. Cette confrontation Chine-Philippines alimente les craintes d’un potentiel conflit qui pourrait entraîner l’intervention de Washington en raison de son traité de défense mutuelle avec Manille, qui date de 1951.

La Chine accuse régulièrement les Etats-Unis de soutenir à dessein les nations qui rivalisent avec elle sur des revendications territoriales afin de contrer sa montée en puissance. En avril dernier, est tenu à Washington le premier sommet tripartite entre les dirigeants du Japon, des Philippines et des Etats-Unis afin, notamment, de faire face collectivement à la Chine dans la région de l’Asie-Pacifique.

 

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