Mer de Chine méridionale : Manille «pas au courant» d’un accord avec Pékin sur un récif disputé

10/08/2023 mis à jour: 20:06
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La tension monte d'un cran entre Manille et Pékin

Le président philippin a déclaré hier n’être «pas au courant» d’un quelconque accord avec la Chine pour enlever un navire de la Marine philippine échoué sur un récif disputé en mer de Chine méridionale, rapporte l’AFP.

 «Je ne suis pas au courant d’un quelconque accord selon lequel les Philippines devraient enlever de leur propre territoire leur propre bateau, le BRP Sierra Madre, du récif Ayungin», a-t-il indiqué en utilisant le nom philippin du récif. «Et laissez-moi aller plus loin, s’il existe réellement un tel accord, je le dénonce à partir de maintenant», a-t-il ajouté dans une vidéo postée sur la page Facebook du bureau de la communication présidentielle.Alors que les tensions grimpent dans la zone ces derniers jours, la Chine a exhorté mardi les Philippines à retirer le BRP Sierra Madre, un navire datant de la Deuxième Guerre mondiale qu’elles ont fait échouer en 1999 sur le récif de Second Thomas. Manille voulait ainsi affirmer ses prétentions de souveraineté face à Pékin après l’occupation du récif Mischief voisin par la Chine au milieu des années 1990. 

Selon le ministère chinois des Affaires étrangères, «les Philippines, à maintes reprises, se sont explicitement engagées à enlever ce navire militaire en le remorquant». «Mais 24 ans ont passé. Non seulement les Philippines ne l’ont pas enlevé, mais elles tentent en plus de le réparer et de le consolider, à grande échelle, afin de concrétiser leur occupation permanente de Ren’ai», a poursuivi le ministère en utilisant le nom chinois du récif.Les Philippines accusent les garde-côtes chinois d’avoir tiré samedi dernier au canon à eau contre des navires philippins transportant du matériel pour son personnel militaire déployé sur Second Thomas. 

Les membres de l’infanterie de marine philippine présents à bord du bateau échoué dépendent de missions de ravitaillement pour survivre. La Chine, qui a présenté l’action de ses garde-côtes comme «professionnelle» et «mesurée», a accusé mardi les Philippines d’avoir voulu «acheminer illégalement du matériel de construction» vers le bateau échoué.
 

Rapprochement avec Washington

Le récif Second Thomas se trouve à environ 200 km de l’île philippine de Palawan et à plus d’un millier de kilomètres des plus proches terres chinoises, l’île de Hainan. Manille et Pékin ont une longue histoire de différends maritimes en mer de Chine méridionale. L’ancien président philippin, Rodrigo Duterte, était réticent à critiquer son voisin, mais depuis son arrivée au pouvoir en juin 2022, le président Ferdinand Marcos Jr se veut intransigeant avec son puissant voisin et s’est rapproché des Etats-Unis. 

Début avril dernier, Manille a mis à disposition de Washington quatre nouvelles bases militaires, dont une base navale non loin de Taïwan. Le 11, les deux pays ont entamé des manœuvres militaires conjointes qui dureront deux semaines. Les tensions entre Manille et Pékin se sont exacerbées au début de l’an après qu’un navire des garde-côtes chinois eut prétendument utilisé un laser de qualité militaire contre un bateau des garde-côtes philippins près de l’atoll Second Thomas. Fin avril, la Chine a accusé les Philippines d’avoir «délibérément» voulu provoquer un incident dans les eaux disputées de la mer de Chine méridionale. 

Accusation qui fait suite à une collision évitée de justesse entre deux vaisseaux de garde-côtes de chacun de ces pays. Pékin revendique la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale, malgré les prétentions rivales de ses voisins Philippines, Vietnam ou Malaisie. Elle a rejeté ainsi le verdict de la Cour permanente d’arbitrage (CPA) de La Haye en 2016 qui a estimé que l’Empire du Milieu n’a pas de «droits historiques» sur la majorité des eaux stratégiques de la mer de Chine méridionale et donné raison aux Philippines.

La Chine fonde sa légitimité sur ces territoires sur des cartes remontant aux années 1940. Washington prône un règlement multilatéral et pacifique de ces conflits. Pékin est plutôt favorable à des négociations bilatérales.

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