Membre de l’OTAN : La Pologne évoque le droit d’abattre les missiles russes la menaçant

03/09/2024 mis à jour: 10:31
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Suite à une nouvelle vague de frappes russes, l’armée de l’air polonaise a fait décoller ses avions - Photo : D. R.

«Etre membre de l’Otan ne supplante pas la responsabilité de chaque pays en matière de protection de son propre espace aérien, c’est notre devoir constitutionnel», a déclaré R. Sikorski au FT.

Le ministre polonais des Affaires étrangères, Radoslaw Sikorski, estime que Varsovie devrait avoir le droit d’abattre des missiles russes menaçant son territoire déjà au-dessus de l’Ukraine voisine, dans un entretien au Financial Times (FT) publié hier, cité par l’AFP.

Ces déclarations interviennent une semaine après qu’un «appareil volant», probablement un drone russe d’origine iranienne Shahed, est entré sur le territoire de la Pologne, pays membre de l’Otan et allié fidèle de Kiev, au moment des frappes russes massives en Ukraine voisine.

Perdu par les radars, le drone n’a toujours pas été retrouvé. Au moins deux autres cas de missiles russes entrant sur le territoire polonais ont été signalés par le passé par Varsovie. Hier, suite à une nouvelle vague de frappes massives russes contre l’Ukraine, l’armée de l’air polonaise a une nouvelle fois fait décoller ses avions.

«Etre membre de l’Otan ne supplante pas la responsabilité de chaque pays en matière de protection de son propre espace aérien, c’est notre devoir constitutionnel», a déclaré R. Sikorski au FT. «Je suis personnellement d’avis que, lorsque des missiles hostiles sont sur le point de pénétrer dans notre espace aérien, il serait légitime de se défendre, parce qu’une fois qu’ils ont pénétré dans notre espace aérien, le risque que des débris blessent quelqu’un devient important», a-t-il dit.

Selon R. Sikorski, Kiev est favorable à de telles opérations. «Les  Ukrainiens nous ont dit : Vous êtes les bienvenus», a-t-il dit au FT. Suite aux déclarations de R. Sikorski, un responsable de l’Otan a déclaré hier, sous le couvert de l’anonymat, que l’Alliance atlantique a «la responsabilité d’empêcher que la guerre menée par la Russie ne s’aggrave encore».

«L’Otan n’est pas partie au conflit et ne deviendra pas partie au conflit», a-t-il dit. «Nous reconnaissons le droit de chaque pays allié à protéger son propre espace aérien, mais ce que les alliés font individuellement pour soutenir l’Ukraine peut également avoir une incidence sur l’Otan dans son ensemble». Il a également souligné la nécessité de consultations entre les pays membres de l’Alliance.

Poutine en Mongolie

Le 31 août, dans une interview publiée dans le journal allemand Die Welt, le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, a dit approuver l’offensive ukrainienne menée dans la région de Koursk, en Russie, invoquant le droit de l’Ukraine à se défendre «Les soldats russes, les tanks et les bases militaires sont des cibles légitimes d’après le droit international», a justifié le dirigeant de l’Alliance atlantique.

Le droit d’autodéfense de l’Ukraine, suite à l’offensive  russe déclenchée en février 2022 «ne s’arrête pas à la frontière», a estimé Jens Stoltenberg. Démarrée à la surprise générale en août, cette contre-offensive «n’a pas été prévue avec l’Otan, et l’Alliance n’a joué aucun rôle». Mais l’organisation va continuer à soutenir l’Ukraine par des livraisons d’armes et de matériel «vitales» pour contrecarrer l’opération russe.

Par ailleurs, le président russe, Vladimir Poutine, est arrivé hier en Mongolie, selon la télévision russe, marquant son premier déplacement dans un pays membre de la Cour pénale internationale (CPI) depuis l’émission d’un mandat d’arrêt à son encontre.

La CPI et les autorités ukrainiennes ont appelé la Mongolie à arrêter Vladimir Poutine, visé par ce mandat pour des suspicions de déportation illégale d’enfants ukrainiens vers la Russie. Le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, a toutefois noté la semaine dernière que le Kremlin n’a «pas d’inquiétude» à ce sujet.

Quand un pays membre ne remplit pas ses obligations vis-à-vis de la CPI, cette dernière peut saisir l’Assemblée des Etats parties qui se réunit une fois par an, mais dont les éventuelles sanctions se limitent essentiellement à une remontrance verbale.  
 

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