Une cérémonie commémorative du 65e anniversaire de la mort en martyr du Colonel Si M’hamed Bougara, le 5 mai 1959, a été organisée en début de semaine à Ouled Bouachra, à l’ouest de Médéa, où il avait installé son quartier général durant les deux années passées à la tête du commandement de la Wilaya IV historique.
Dans une allocution prononcée à l’occasion, le secrétaire de wilaya de l’Organisation nationale des moudjahidine (ONM), Fouad Chaouati, a appelé les jeunes générations a «prendre exemple du parcours militant du martyr et à s’inspirer de son combat et sa lutte pour le recouvrement de l’indépendance et la souveraineté du pays».
Rappelant les grandes qualités du colonel Si M’hamed Bougara, M. Chaouati a indiqué que le chahid était d’une grande modestie, ce qui lui a valu l’estime et le respect de ses subordonnés, et qui «considérait la mort en martyr, un idéal à atteindre et le combat, le chemin le plus court pour la liberté».
La commémoration de cette date est une «opportunité pour évoquer le sacrifice des valeureux combattants pour l’indépendance du pays et l’occasion de renouveler notre attachement à leur mémoire et à l’esprit de novembre 1954», a ajouté le secrétaire de wilaya de l’ONM.
Malgré la courte période passée au commandement de la Wilaya IV historique, de 1958 à 1959, Si M’hamed a réussi à mettre en place un système d’organisation militaire hiérarchisé et structuré qui a donné du fil à retordre aux forces d’occupation coloniales.
Il s’était fixé comme objectif de fédérer l’ensemble des Katibas (compagnies) opérant dans les maquis de la Wilaya IV historique, à l’instar des redoutables katibas Zoubiria, El Hamdania et El Omaria, pour former un bataillon capable de faire contrepoids à la machine de guerre coloniale, selon le chercheur universitaire, Tawfik Mazari.
La bataille de Mongorno, qui a eu lieu fin décembre 1958, va le contraindre, poursuit cet universitaire, à reporter ce projet, en raison notamment de l’éparpillement des effectifs et l’épuisement de l’armement en possession des katibas qui étaient engagées dans la bataille.
Après cette bataille, la pression de l’armée coloniale va s’accentuer avec l’envoi de troupes militaires supplémentaires vers la région de Mongorno et Ouled Bouachra, où se trouvait le quartier général (QG) du commandement de la Wilaya IV historique.
«Sentant le danger approcher, le colonel Si M’hamed décide de renforcer la sécurité et la défense de son quartier général, mais face à la supériorité, en hommes et en armes, de l’ennemi, la balance allait basculer du côté de l’armée d’occupation qui réussit à encercler son QG, au début du mois de mai 1959», note Tewfik Mazari.
Le 5 mai, le colonel Si M’hamed tombe au champ d’honneur, à l’âge de 31 ans, après un violent accrochage avec les troupes coloniales et le lieu de son enterrement n’est pas connu jusqu’à nos jours. Pour rappel, Si M’hamed Bougara avait commencé son parcours militant peu avant les manifestations du 8 Mai 1945 en intégrant d’abord le Parti du peuple algérien (PPA), puis le Mouvement pour le triomphe des libertés (MTLD) et enfin, l’Organisation spéciale (OS). Il séjourne plusieurs fois dans les prisons de l’occupant.
La première fois au lendemain des massacres du 8 Mai 1945 où il avait écopé d’une année d’emprisonnement, puis, une seconde fois entre 1950 et 1953 pour ses activités au sein de l’Organisation spéciale.
Au déclenchement de la Révolution, Si M’hamed Bougara était chargé de l’organisation de la résistance armée à Amrouna, dans la localité de Tniet El Had.
Il a participé, le 20 août 1956, au congrès de la Soummam et fut désigné responsable politique et membre du conseil de la Wilaya IV historique, puis promu, en 1958, au grade de colonel. Il est resté à la tête de la Wilaya IV historique jusqu’à sa mort, lorsqu’il est tombé au champ d’honneur avec plusieurs autres de ses compagnons d’armes le 5 mai 1959.