Mascara : Le paiement électronique à la traîne

29/01/2022 mis à jour: 00:37
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De l’avis de beaucoup, il est impératif que le e-paiement se généralise

«Maândich Essarf (Je n’ai pas de la monnaie)», «T’ssalni mya doro (Je te dois 5 dinars)», «Rouh jib essarf (Allez chercher de la monnaie)» et «Rahi m’guataâ, bedelha (Le billet est déchiré, changez-le)» sont parmi les phrases que les habitants de Mascara en ont marre d’entendre à chaque fois qu’ils se présentent devant les guichets des opérateurs économiques pour payer leurs factures. 

Que ce soit au guichet de la Sonelgaz, de l’Algérienne des eaux (ADE), d’Algérie Télécom, des trois opérateurs de la téléphonie mobile (Mobilis, Djezzy et Ooredoo), de l’OPGI, d’Algérie Poste ou autres banques, la pénurie de la petite monnaie et la mauvaise qualité les billets de banque déchirés, fripés et scotchés rendus aux clients font le sujet de discussion des uns et des autres.

 Au guichet, le client est contraint de payer quelques dinars de plus que le montant de la facture, parce que le préposé au guichet n’a pas de monnaie à lui rendre. Les montants des factures qui se concluent par les 1, 2, 3 et 4 dinars et les centimes sont automatiquement arrondis à cinq dinars et des fois à dix dinars, en cas où la pièce de cinq dinars fait défaut ! «Pour éviter toute altercation inutile dans ce genre de situation, le citoyen a pris l‘habitude ne pas réclamer la monnaie en petites pièces, Yesmah fi hakah (il renonce à son droit)», a commenté Aïssa, journaliste de profession à Mascara. En outre, si le client paie ses factures jusqu’au dernier centime, voire plus en cas de non disponibilité de petites monnaies, le proposé à la caisse, faut-il le souligner, ne cède jamais sur un dinar, voire un centime !

 Ce dysfonctionnement dans les pratiques commerciales résultant de la disparition de la petite monnaie se pose également chez les pharmaciens et autres agents économiques où le 1, 2, 3 et 4 ainsi que les centimes égalent tout simplement à 5 et 10 dinars ! Pis encore, les billets de banque, notamment de 200 et 500 dinars usés, déchirés et scotchés qui continuent d’être remis même par les banques et Algérie Poste sont devenus source d’altercation entre les agents économiques et leurs clients. Dans ces cas-là, les caissiers en particulier et les agents économiques en général refusent catégoriquement d’accepter les billets de banque abimés, alors qu’ils se permettent de les remettre à leurs clients sous prétexte qu’ils n’ont pas de la monnaie. 

Pour pallier cette situation qui fait parler d’elle, la banque d’Algérie doit émettre de petites pièces de monnaie ainsi que des billets de 100, 200 et 500 dinars et fournir les entreprises économiques publiques, pharmacies et autres commerçants. Par contre, de nombreuses voix s’élèvent à ce que le Gouvernement œuvre pour la généralisation des moyens de paiements modernes notamment l’e-paiement et le paiement par les Terminaux de paiement électronique (TPE) où les citoyens peuvent régler leurs factures au centime de dinar et sans qu’ils soient contraints d’accepter des billets de banque déchirés et scotchés. L’option du recours au paiement électronique demeure la plus appropriée pour remédier à ce dysfonctionnement chose pour laquelle le Gouvernement, selon le Premier ministre, ministre des Finances, Aïmene Benabderrahmane, «a tracé un programme visant à accélérer le processus de modernisation des systèmes de paiement à travers la mise en place du cadre juridique adapté et des installations et équipements de paiement électronique nécessaires».

 Et d’ajouter que «plus de 16 millions de cartes de paiement seront mises à disposition à l’horizon 2024 et plus d’un million de commerçants seront équipés de terminaux de paiement électronique (TPE)». Dans ce contexte, le Gouvernement est appelé à sommer les opérateurs économiques (ADE, OPGI, Algérie Télécom, entreprises de la téléphonie mobiles et autres banques) à améliorer leurs plateformes du système de paiement électronique et de se doter de TPE et les mettre en service. 

À Mascara, par exemple, rares sont les TPE installés dans les guichets des entreprises publiques qui sont en service où la fameuse phrase «Maândich Essarf» demeure…monnaie courante dans les pratiques commerciales ! 

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