Mali : La France officialise la fin de la force européenne Takuba

02/07/2022 mis à jour: 03:43
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La France a annoncé hier la fin de la task force Takuba au Mali, une agrégation de forces spéciales européennes, rapporte l’AFP. «La réorganisation du dispositif militaire français au Sahel (...) a conduit à la fin des opérations de (...) Takuba au Mali à compter du 30 juin», a indiqué le porte-parole de l’état-major français, le général Pascal Ianni.

Des «discussions sont en cours» entre Paris et plusieurs pays de la région sur leurs besoins en termes d’assistance militaire, a confirmé le général Ianni. Initiée par l’ancienne ministre des Armées française Florence Parly pour faire partager aux Européens le fardeau de la lutte contre les djihadistes au Sahel, Takuba a rassemblé une dizaine de pays européens (Belgique, République tchèque, Danemark, Estonie, Hongrie, Italie, Pays-Bas, Portugal, Suède et Roumanie) et jusqu’à 800 à 900 soldats d’élite. Ils étaient chargés d’aider les forces maliennes à gagner en autonomie et leur permettre de reprendre pied dans les territoires délaissés par l’Etat, face aux groupes djihadistes liés à El Qaïda ou au groupe Etat islamique (EI).

La «pleine capacité opérationnelle» de Takuba, qui signifie «Sabre» en langue tamasheq, a été décrétée début avril 2021. Elle aura duré moins d’un an : les opérations conjointes ont en fait cessé dès février dernier.

En rompant avec Paris, Bamako a aussi rompu avec ses alliés. En janvier, la junte militaire a demandé au Danemark de retirer ses troupes tout juste arrivées mais déployées «sans son consentement». Copenhague a dénoncé «un jeu politique sale». La force suédoise a déjà décidé de ne pas prolonger ses forces spéciales au-delà de leur mandat initial en juin. Stockholm ne devrait pas non plus relocaliser de troupes hors du Mali, même si les échanges avec la France se poursuivent officiellement.

Le pays scandinave conserve 200 hommes au sein de la mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma), mais compte s’en retirer un an plus tôt que prévu, au premier semestre 2023. L’armée française aura quitté le Mali d’ici fin août après neuf ans d’engagement.

Et la Minusma, prolongée d’un an, sera privée de soutien aérien. «La reconfiguration militaire en cours dans la région pourrait compromettre les efforts antiterroristes passés», ont soutenu des experts de l’ONU dans un document. En mai, le président nigérien Mohamed Bazoum a appelé Français et Européens à «prendre plus de risques et ne pas être hantés par les pertes» au Sahel. Il a réclamé que leurs forces soient déployées «avec des capacités aériennes conséquentes, des règles d’engagement efficaces, des sacrifices, des moyens financiers, avec beaucoup plus d’hélicoptères, de bombes».

Par ailleurs, la junte malienne est accusée d’avoir fait appel à la société de sécurité privée russe Wagner, laquelle, selon les Occidentaux, est proche du Kremlin et déjà engagée en République centrafricaine, entre autres. La junte dément et évoque la souveraineté nationale. Le 12 janvier dernier, Bamako a dénoncé une «violation» de son espace aérien par un avion militaire français. Le 31 janvier, la télévision d’Etat a annoncé que la junte a expulsé l’ambassadeur français de Bamako.

Le 7 février, le Premier ministre malien a qualifié l’intervention militaire française de janvier 2013 au Mali d’«opération de partition» qui a permis de «créer un sanctuaire où les terroristes ont pu s’organiser». En juin, l’armée française a quitté la base militaire de Ménaka, dans le nord-est du Mali. 

Ouverte en 2018, la base de Ménaka, dans la région dite des trois frontières, aux confins du Mali, du Niger et du Burkina Faso, hébergeait notamment le groupement de forces spéciales françaises et européennes Takuba. 

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