Depuis le début de l’année et jusqu’à hier, près de deux millions d’Algériens ont franchi les frontières tunisiennes à travers les différents poste-frontières, notamment celui d’Oum Teboul (El Tarf), le plus important du pays.
En 2023, la Tunisie avait accueilli plus de 3,2 millions de visiteurs algériens, et les prévisions pour cette année sont encore plus optimistes. Selon l’Office national du tourisme tunisien en Algérie, «l’on s’attend cette année à recevoir encore plus de touristes algériens que l’année dernière».
Un objectif qui semble atteignable, d’après les professionnels du secteur, compte tenu de la saturation des réservations jusqu’à la fin août. Plusieurs facteurs expliquent cet engouement pour la destination tunisienne. La proximité géographique, la qualité des services hôteliers et la diversité des offres jouent un rôle clé. «La qualité du ‘All inclusive’ attire beaucoup, et les offres qui ne cessent de s’améliorer incitent également», explique une représentante d’une agence de voyages à Annaba. Les prix attractifs, variant entre 30 000 et 60 000 DA par personne, selon la durée du séjour et la catégorie de l’hôtel, rendent cette destination très prisée.
Ce flux touristique est particulièrement visible parmi les émigrés algériens qui, de leur retour au pays, en profitent pour faire un détour par la Tunisie. «Nous avons enregistré un afflux important de clients, y compris des émigrés algériens intéressés par un séjour à Tabarka, Djerba, Nabeul, Hammamet, Sousse et Gammarth», confie un spécialiste du tourisme. Il note également : «Plus d’un million d’euros, déclarés ou non à la douane par les immigrés à leur arrivée en Algérie, ont été convertis en dinars tunisiens.»
Les Tunisiens à la découverte de l’Algérie
Cette dynamique est réciproque. De plus en plus de touristes tunisiens découvrent l’Algérie, attirés par sa diversité de paysages et de cultures. «La situation sécuritaire en Libye, l’émergence du racisme en Turquie et la difficulté d’avoir un visa pour l’Europe ont poussé les Tunisiens à explorer l’Algérie», affirme Othmani Chérif, propriétaire d’une agence de tourisme à Annaba. Les régions d’El Eulma, Sétif, Jijel, Béjaïa, Tlemcen et Oran sont particulièrement prisées.
Cette nouvelle tendance offre des opportunités de partenariats avantageux pour les deux pays. Malgré ces échanges florissants, des défis subsistent. Les professionnels du tourisme des deux pays plaident pour la convertibilité des dinars algérien et tunisien, afin de faciliter les transactions et éviter le recours à l’euro en cette période de crise économique mondiale. «Si les Algériens pouvaient payer en monnaie nationale et vice versa pour les Tunisiens, cela simplifierait considérablement les transactions», suggèrent-ils.
De plus, la reprise prochaine des dessertes sur la ligne ferroviaire Annaba-Souk Ahras-Tunis est un signe prometteur. Ce service, qui peut transporter 320 passagers par trajet, facilitera encore davantage les déplacements entre les deux pays, contribuant à renforcer cette relation touristique déjà solide.
Le tourisme entre l’Algérie et la Tunisie semble avoir de beaux jours devant lui. L’afflux continu de touristes et l’amélioration des infrastructures de transport témoignent d’une coopération croissante et d’un intérêt mutuel pour le développement de ce secteur. Les professionnels des deux pays restent optimistes quant à l’avenir et travaillent ensemble pour surmonter les obstacles restants, assurant ainsi une expérience touristique enrichissante pour tous.